En matière de mercato, JJQ plus fort que JMA

Par Philippe Dibilio

La campagne des élections régionales va commencer à entrer dans une phase plus active, encore que ! Il n'est pas évident pour cette institution qui cherche toujours son identité de poser des enjeux devant les électeurs qui n'identifient ni son président, 20% le connaissent, ni ses compétences.

Aussi ne faut-il pas s'attendre à de grandes batailles de programmes ce qui rend service à certains qui n'en n'ont pas. C'est certainement à cause de cela que les têtes de listes se sont lancées dans un mercato effréné et qui n'est pas terminé. A tout seigneur tout honneur, c'est Jean-Jack Queyranne qui a les meilleurs résultats avec en premier lieu le transfert d'Hélène Blanchard des Verts vers sa liste puis le PS. Vice-présidente écologiste sortante, elle joue la continuité avec JJQ et gardera son poste en cas d'une victoire annoncée. Dans le civil, elle est la compagne d'Étienne Tête, candidat en bonne place sur la liste Europe Ecologie, alors qu'en pense le tatillon élu lyonnais ; peut-être pas autant de mal que ça. En effet, dans l'hypothèse d'une fusion des listes PS/Europe Ecologie, le couple pourrait obtenir une vice-présidence pour chacun. Belle revanche alors que les verts avaient refusé la présence du couple sur leur liste, joli coup financier également mais pas très « politique autrement » tout de même. L'appétit de JJQ ne s'arrête pas là, il est sur la piste d'une autre verte en Haute Savoie département où la liste de Cohn-Bendit était arrivée devant le PS aux européennes. Car on le sait, l'obsession du président sortant reste le score de la liste de Philippe Mérieu : si ce dernier arrivait devant ce serait l'échec, si son résultat talonne celui de Queyranne, ce sont des négociations de chiffonniers garanties pour le deuxième tour. D'ailleurs on ne se fait pas de cadeaux, le directeur de campagne de JJQ a ouvert le bal en déclarant que Philippe Mérieu ne connaissait pas ses fiches et, depuis, les noms d'oiseaux volent bas. Mais Queyranne ratisse aussi dans la société civile en enrôlant le patineur Gwendal Peizerat avec à la clé la promesse d'une vice-présidence. À ce rythme, il risque d'y en avoir autant qu'au Grand Lyon car, à les distribuer avant le premier tour, il faudra en ajouter pour le deuxième moment où les alliés complètent la liste. D'une manière générale, cette pratique du recrutement extérieur laisse un arrière goût de désaveu du politique et du militant en particulier dont l'abnégation est sans borne pour continuer à aller au contact de l'électeur car ça ce n'est pas l'affaire des transférés. Il y a néanmoins une vraie illusion à penser qu'un candidat venu de l'extérieur du champ politique soit plus performant. On le pense à Europe Ecologie au vu du résultat des européennes mais on oublie que leurs têtes de liste d'alors, Cohn-Bendit et Bové sont tout sauf des néophytes en politique. Ils ont plus de quarante ans de carrière derrière eux, à la marge de l'institutionnel certes, et encore? De toute façon, ils en ont la pratique ce qui n'est pas le cas de Mérieu. Et encore moins de Begag qui confond la scène politique avec celle d'un théâtre de boulevard au point que la confiance en lui dans son camp est telle que certains préparent un plan B. Mais seul le résultat tranchera et il sera de ce point de vue aussi intéressant.