Par Philippe Dibilio
A peine tombé le résultat de l'élection cantonale du Vème arrondissement que Gérard Collomb l’attribuait à une adhésion à la politique de large rassemblement de sa politique municipale. Voilà qui se comprend dans la mesure où il a fait un pari en s’engageant à fond dans cette élection et qu'il a réussi. Dans la foulée le maire de Lyon élargit son propos en se projetant dans le débat national en cours au PS à la veille du congrès de Reims. Il affirme, en effet, que son parti n'est pas condamné à gagner les élections locales sur un mode réformiste et à perdre au plan national du fait d'une rigidité idéologique en matière d'alliances. Et de mettre en avant son « modèle lyonnais ». Là il va peut-être un peu vite en besogne. Outre que sa contribution, partagée avec le président du Conseil général des Bouches du Rhône et le président de la Communauté urbaine de Bordeaux, peine à réunir des soutiens, y compris dans le Rhône et dans la région Rhône-Alpes, le débat national au PS prend une autre tournure. Non seulement on voit s'y affronter des présidentiables potentiels mais l'idéologie y fait son retour au coté d'une vision globale de la société ce qui inclut des domaines plus larges que le seul champ de la gestion communale. Mais le vrai problème du modèle lyonnais de Gérard Collomb est bien celui des alliances. Une chose est de réussir à imposer au PS local de soutenir un centriste au détriment même de sa propre formation, autre chose est de généraliser la démarche. Car même si les candidats PS aux municipales ont pratiqué en mars dernier les alliances à la carte avec le Modem, il reviendra au parti de définir une ligne politique en matière d’alliance sans passer sous la table. Une décision qui sera certainement à l’épreuve du feu dès les élections européennes de 2009 et les régionales de 2010. Certes cela ne veut pas dire que le modèle lyonnais ne marchera pas à Lyon surtout par la grâce de Gérard Collomb mais à un moment peut-être lui faudra-t-il choisir entre le PS et son modèle lyonnais. On entrera alors dans la mise en œuvre du modèle Collomb fait d’alliance au centre droit pas seulement à connotation confessionnelle d'ailleurs. Un modèle que Lyon a déjà connu avec Edouard Hérriot et d'une certaine mesure avec Louis Pradel. Mais l'histoire n'est-elle pas un éternel recommencement?
Calculette
L'autre conséquence de l'élection de Thomas Rudigoz au Conseil général se situe au sein de l'assemblée elle même. Certes Michel Mercier reste président du Département mais sa majorité s'est effritée d'une voix. Aujourd'hui, en effet, il ne peut plus compter que sur 14 élus centristes, 10 UMP soit 24 conseillers généraux contre 23 PS et apparentés si Rudigoz rejoint ce groupe étant entendu qu'il penchera de toute façon pour une alliance avec lui. A cela il faut ajouter 3 élus communistes et 3 non inscrits. Sachant que la majorité au sein de l'assemblée se situe à 28 sièges on mesure les possibilités d'alliances qui existent dans la perspective, toujours d'actualité, d'un remplacement de Michel Mercier en janvier. Comme l'on peut difficilement envisager un accord PS, PC, non inscrits pour prendre la présidence les socialistes ont besoin d'un accord avec les uns et de la neutralité des autres. Encore faut-il trouver la personnalité idoine au sein du groupe PS qui a pour caractéristique de rassembler surtout des élus « urbains » ce qui au Conseil général constitue un handicap. On verra donc le moment venu comment les choses se présenteront et si des combinaisons plus subtiles sortiront des têtes bien rodées à la politique des conseillers généraux. En attendant il ne va pas être très aisé de faire fonctionner cette collectivité qui risque à tout moment un blocage du fait de la réaction personnelle de tel ou tel conseiller général de droite en particulier.
Cadeau
On pouvait se demander, et j'en étais, pourquoi Nicolas Sarkozy s'était précipité sur l'idée de supprimer la publicité sur les chaînes publiques de télévision. Voulait-il leur donner de plus vastes créneaux pour des émissions de qualité ? C'eut été une bonne idée. On s'est vite aperçu que la mise en place du projet ne serait pas simple en particulier en matière de financement. Les choses semblent s'éclaircir aujourd'hui avec la montée en puissance d'une nouvelle suggestion dans ce domaine. Alors que JF Copé et sa commission rament pour définir les conditions d'application de la suppression de la Pub une idée supplémentaire, beaucoup plus simple à mettre en oeuvre, fait son chemin. Celle qui consiste à autoriser une deuxième coupure publicitaire pendant les émissions. Cette mesure aura à terme pour effet de ne s'appliquer que sur les chaînes privées qui alors auront gagné le jackpot. Non seulement elles récupéreront la pub qui n'ira plus sur le service public mais elles pourront augmenter le volume de spots diffusés. Un double cadeau dont TF1 sera le principal bénéficiaire mais accessoirement des chaînes plus modestes comme Direct8 la chaîne du groupe Bolloré, celui du yacht. Mais cela n'a rien bien entendu rien à voir avec les amitiés du président.
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