Texte : Alain Dumas, avocat honoraire – Le 10 février 2024, le MBA de Lyon a été victime du vandalisme. Deux jeunes femmes d’un groupuscule dit Riposte alimentaire ont jeté de la soupe sur un tableau de Monet. L’affaire était appelée le 21 mai 2024 devant le tribunal judiciaire de Lyon (compte-rendu surréaliste à lire ici).
Que fait la victime d’un délit lorsque son affaire vient devant le tribunal ? Elle se constitue partie civile et soutient sa demande elle-même ou fait plaider son avocat afin d’obtenir l’indemnisation de son préjudice.
Cette analyse n’a plus cours lorsque la Mairie de Lyon dont dépend le MBA soutient ses agresseurs et tweete : « Tout mon soutien aux équipes contraintes de fermer une partie du musée (ce qui n’est pas difficile). MAIS face à l’urgence climatique l’angoisse est légitime. »
En clair, le musée n’a qu’à faire son travail et nous partageons les valeurs (sic) des vandales.
Le jour de l’audience, personne ne se déplace pour soutenir le MBA et la directrice des services juridiques de la mairie se contente d’envoyer une lettre rappelant les principes de conservation des collections, le souhait de les montrer au public, le préjudice subi par la fermeture, le coût de la restauration (2 200 euros) et s’achève en sollicitant l’euro symbolique !
Autant dire qu’on se moque du MBA dont la directrice subit le désintérêt des édiles. La Défense des prévenues s’est précipitée sur cet argument. Pourquoi accabler ces deux jeunes femmes alors que la Ville de Lyon estime qu’elle ne mérite qu’un euro après avoir montré l’étendue de son préjudice ?
La Présidente a interrogé les deux activistes avec bienveillance.
Leur ayant demandé la nature de leurs études et le niveau de celles-ci a eu la surprise – et le public aussi- d’entendre que l’une d’elles était étudiante aux Beaux-Arts. Elle n’a pas craint d’ajouter qu’elle avait reçu beaucoup de soutien de ses enseignants. Et dire que c’est peut-être vrai !
Le Ministère Public après avoir souligné l’égoïsme des prévenues désorganisant le musée et privant le public a rappelé qu’une œuvre d’art était protégée non seulement par une vitre mais par la Loi et que celle-ci prévoyait des peines d’emprisonnement atteignant un maximum de sept et dix ans en précisant immédiatement qu’on était loin d’une telle situation (ce que tout le monde admet).
Néanmoins, il a très affaibli sa démonstration en requérant une condamnation à deux mois d’emprisonnement avec sursis et dispense d’inscription au bulletin N°2 du casier judiciaire, ce qui ne dissuade personne et surement pas des personnes déterminées à commettre un délit pour attirer l’attention.
Tribune et Tribunal ont une racine commune et commettre sciemment une infraction en se disant qu’elle restera sans conséquence notable permet, en étant déféré devant la juridiction, de disposer d’une tribune où la Défense se confond avec la propagande.
La bêtise est vieille comme le monde et l’attaque des œuvres d’art a des précédents antiques et célèbres. L’étudiante aux Beaux-Arts sait peut-être ou devrait savoir avec ses professeurs qu’Erostrate a incendié le Temple d’Artémis à Ephèse -une des sept merveilles du monde- pour le seul plaisir de faire parler de lui, comme Riposte alimentaire.
Inutile de demander aux prévenues si elles regrettent le délit commis, elles le revendiquent et n’attendent que la clôture de l’affaire pour plastronner dans la salle des pas perdus où les médias les attendent.
Jugement le 18 juin 2024, les amateurs d’art manqueront à l’appel.
ça mérite juste un rappel la loi .
non mais calmez-vous, sérieux !
si même les enseignants en art les soutiennent, posez-vous des questions au lieu de toujours chercher matière à rager et à faire rager les autres.