Et voilà, nous rentrons dans la dernière ligne droite de la campagne des élections municipales. Dimanche on vote. Une campagne qui aura, après celle de l'élection présidentielle, été marquée par la place du net dans le débat et pas seulement à Lyon. Dans nombre de communes du Grand Lyon en effet on a vu fleurir les blogs des candidats avec une véritable fréquentation. Cela aura-t-il vraiment une influence sur le résultat ? On verra mais une chose est sûre ce mode d'expression et de dialogue a pris le pas sur les moyens traditionnels de communication jusqu' alors au cœur des campagnes électorales. Autre mode entrée dans le débat politique, mais à Lyon cette fois, celle des sondages. A les prendre au pied de la lettre il ne serait même plus utile d'aller voter tant le résultat est acquis. Certes la persistance de l'écart entre Gérard Collomb et Dominique Perben donne le sentiment d'une victoire annoncée pour le premier nommé. Et c'est bien là le problème. Les électeurs potentiels de Collomb se mobiliseront-ils vraiment dimanche au terme de cette campagne gagnée d'avance ? Et puis, à force d'avoir pousser le bouchon un peu loin en parlant même de victoire au premier tour que ne dira-t-on pas si les listes Collomb sont acculées à un second tour dans plusieurs voire tous les arrondissements. « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » tel pourrait être le sentiment véhiculé dimanche soir par ces commentateurs aujourd'hui laudateurs d'un maire sortant qui, lui, a fait le boulot avant et pendant la campagne. Car on ne peut lui reprocher d'avoir eu un concurrent qui n'a pas trouvé les angles d'attaque lisibles pour écorner le bilan du sortant ou faire des propositions percutantes. Ce qui aurait bien servi ses supporters particulièrement désarmés durant la campagne.
ANIMÉ
On vote aussi pour les élections cantonales dimanche dans la moitié des cantons du département. Un vote dont on peut imaginer qu'il va bouleverser l'équilibre de l'assemblée départementale au point que son actuel président, Michel Mercier, ex président des centristes du Rhône, envisage carrément de laisser la place. Les bruits, et pas les plus fous, courent qu'il se replierait à Thizy, son fief électoral, en attendant de rejoindre le gouvernement. Cette dernière hypothèse est d'autant plus crédible que Nicolas Sarkozy aura du mal à imposer une nouvelle ouverture à gauche pour son prochain gouvernement. Il a, en effet, fait le plein des possibilités de recrutement surtout si Jack Lang n'en veut pas. Il ne lui resterait alors que l'inénarrable Claude Allégre ce qui serait encore trop pour les députés UMP qui n'en peuvent plus de se sentir si peu considérés. Alors Mercier peut voir l'avenir à Paris d'autant qu'un amendement, qu'il a soigneusement glissé dans la loi organique que va voter le parlement, lui permettra de retrouver automatiquement son siège de sénateur une fois sa mission ministérielle terminée. Car chacun le sait, un ministère équivaut à un CDD. Cette solution a l'avantage d'éviter une guerre fratricide le 20 mars jour de l'élection du président du Conseil général. En effet, les conseillers généraux centristes sont les plus nombreux à être renouvelés et l'UMP mécontente du faible soutien de Mercier à Dominique Perben à Lyon présente des candidats y compris dans des cantons où le sortant est UDF. Bref, Mercier le sait, il sera au soir de l'élection à la tête d'un groupe minoritaire et l'alliance traditionnelle avec l'UMP aura du mal à se faire sur son nom. Bien sûr, son ami Bernard Rivalta se dit prêt à voler à son secours avec un groupe socialiste qui restera conséquent mais pas forcement acquis à cette idée. Alors dans un camp comme dans l'autre, on est à la recherche du troisième homme (au Conseil général la place des femmes ne laisse pas envisager l'éventualité de l'une d'entre elles). Les paris sont ouverts et nous annoncent un troisième tour des cantonales à suspens.
COURAGE
J'avais vu avec un grand étonnement l'arrivée de Laurence Parizot à la tête du Medef. J'avais même été scotché par un tel bouleversement à la présidence d'une institution aussi réactionnaire, au sens littéral du terme comme on dit quand on ne veut pas paraître méprisant. Voir ce bout de femme aux yeux bleus saisissants et à l'énergie communicative succéder aux Ambroise Roux, Ceyrac et autre baron Sellières, quelle révolution ! Et en plus elle affichait de l'énergie au point d'ouvrir les fenêtres pour donner de l'air à ce syndicat patronal engoncé dans des valeurs et des comportements si conventionnels qu'ils en devenaient désuets. Et je suis passé de l'étonnement au respect et à de l'intérêt même pour son combat. Mais, comme tous les syndicats, le Medef est structuré en branches professionnelles et la plus puissante des siennes est l'UIMM à savoir le syndicat de la métallurgie. La métallurgie, l'activité mythique du début du 20ème siècle, l'image du patronat de droit divin, véritable état dans l'état dans le pays et bien sûr au sein du Medef. Et voilà que c'est par lui que le scandale arrive. Alors Laurence Parizot qui avait dénoncé les parachutes dorés des grands patrons et prôné la transparence prend ses responsabilités et place les administrateurs de l'UIMM face à la situation en leur demandant de laver l'affront des abus, à moins que la justice ne découvre en fait que ce sont des malversations. Elle le fait avec la détermination qu'il convient face à une telle situation. Mais surtout elle poursuit courageusement son combat pour faire véritablement entrer le syndicalisme patronal français dans le 21ème siècle ce qui n'est pas gagné à l'UIMM.
POST- SCRIPTUM
Il m'est évidemment agréable que mon ami Julien Calixte incite ses lecteurs à lire ma prose même si son propos est peu amène, mais Julien ne serait pas Jean-Marc s'il en était autrement. Bref il n'apprécie pas le soutien, que je maintiens d'ailleurs, à la pétition lancée par Marianne qui évoque les dangers que font courir à la démocratie les excès de la méthode de gouvernement de Nicolas Sarkozy. Certes. Mais fallait-t-il convoquer Staline et Pol Pot qui sont de biens fidèles serviteurs pour quiconque veut jeter l'opprobre sur l'autre, pour s'en prendre à ce qui reste une pétition c'est à dire un exercice autorisé dans cette démocratie qui nous est chère à tous. Nul n'est tenu de la signer, chacun peut la combattre mais j'ai envie d'écrire en souriant : pourquoi tant de haine ? J'ajoute qu'avant de ne pas voter Sarkozy j'avais pris le soin de lire ses livres, je suis peut-être naïf mais je n'y avais pas détecté cette attitude de post soixante-huitard décadent que décrit si bien Jean-Marc et je ne dois pas être le seul.
Cher Philippe, Dans ton papier intitulé GAG, je te reproche ta phrase : « …s’annonce le moment de réfléchir à la manière constitutionnelle d’interrompre le mandat d’un président devenu dangereux »…, car elle est le futur point d’orgue organisé par ceux qui veulent délégitimer le président. Certains ont fait la même chose avec De Gaulle, c’était malheureusement les mêmes qui admiraient Staline ou Castro. Aujourd’hui, ils font savoir qu’ils regrettent de s’être trompés. Pour quelques naïfs, c’était vrai mais les autres n’avaient qu’un objectif : nous tromper. En revanche j’approuve à 200% ton paragraphe « Courage » dans ta dernière chronique. J’y reviendrai. PS : mon pseudo c’est Justin et non pas Julien !
Dans mon commentaire,à la troisième ligne, il faiut lire: »le futur point d’orgue de la cabale organisée par ceux …..
Je ne sais pas si les blogs auront une influence complète en tant que telle sur le choix des électeurs mais ils auront été source d’infos, voire de positionnement et de changements de stratégie (cf les circonvolutions de Geourjon lorsqu’il fut annoncé sur les blogs à commencer par celui de Marmoz que de toutes façon il irait se vendre à Mercier). De plus il ont fait surgir différents acteurs, pas forcéments aussi notables-élus que dans la vie politique classique http://www.romainblachier.fr