La tribune libre de Marc Engelhard*
Décideurs politiques, membres du conseil scientifique, médecins spécialistes abonnés des chaines infos… tous prennent et commentent des décisions covidées qui ne les impactent pas à titre personnel. Dernier exemple en date avec le reconfinement.
D’où ce décalage immense entre les décisions annoncées par Emmanuel Macron et le ressenti d’un tiers des Français qui ne sont ni des retraités, ni des ouvriers ou employés protégés, ni des fonctionnaires. Ces trois catégories socio-professionnelles, quoiqu’il arrive – et tant mieux pour eux – toucheront leurs salaires et leurs pensions à la fin du mois.
C’est la même chose pour les pontes de la médecine médiatique, les ministres et sous ministres, les membres de leur cabinet, les parlementaires… le reconfinement n’affecte pas leur portefeuille.
En revanche, pour les 2 millions d’entreprises personnelles, artisanales, TPE ou PME, et leurs salariés, ce reconfinement signifie « mettre un deuxième genou à terre » pour reprendre l’expression de la chef Sophie Le Quellec. La troisième étape prendra la forme d’un couperet, d’une décapitation, d’une guillotine.
Mais cette annonce ne jettera personne dans la rue. Car comme pour les agriculteurs (1 suicide par jour selon la MSA), ces citoyens n’intéressent personne. Et surtout pas les larmoyeurs professionnels des chaines d’info qui ont découvert sur le tard la distorsion de concurrence entre les commerces indépendants et la grande distribution.
Il faut être complètement déshumanisé pour coller la mention « commerces non essentiels » aux magasins non alimentaires
Car derrière les devantures aux rideaux baissés se trouvent des femmes et des hommes, qui ont posé leurs couilles sur le billot et sont cautions personnelles des prêts engagés. Leurs revenus ayant dramatiquement chuté, ils risquent de tout perdre du jour au lendemain maintenant qu’à la crise sanitaire se greffent des mesures totalitaires !
Dans le milieu bancaire où le nombre de comptes débiteurs a été multiplié par 4 depuis la rentrée, on connait bien les profils de ces indépendants, intermittents, chefs d’entreprise qui n’ont pas dormi depuis mercredi dernier, après les révélations du journaliste Bruno Jeudy, porte-parole officieux de la macronie, annonçant (et défendant !) sur BFM un reconfinement généralisé, repris en chœur par ses condisciples et confirmé le lendemain par Emmanuel Macron.
Opposer la santé à l’économie, c’est diviser pour mieux régner
Là encore, on ne peut pas comprendre le mode de raisonnement du président de la République si l’on n’a pas compris l’essentiel – et je me répète de façon délibérée : il n’est et ne sera pas impacté personnellement par les mesures décidées dans son cercle de SDF (Sans Difficultés Financières).
La vérité des faits, l’incurie de nos dirigeants et le faux-semblant de démocratie ne suffiront pas à faire taire les spécialistes autoproclamés du Covid, bonne conscience en bandoulière, et leurs affidés statisticiens qui décomptent avec délectation les macchabées et théorisent à longueur d’antenne – sauf la nôtre – sur les courbes exponentielles de la pandémie.
Une fois de plus, le principe de la responsabilité collective – d’ascendance bolchevique de sinistre mémoire – a été préféré au ciblage et au confinement des populations les plus vulnérables et les plus insouciantes… mais constituant de gros bataillons d’électeurs à ne pas fâcher pour 2022… Ceci explique sans doute cela.
L’annonce du reconfinement a été précédée par une grossière mise en condition télévisuelle illustrée d’images de patients en réanimation et ponctuée de graphiques bondissants.
Toutes les grandes chaines de télévision et stations de radio nationales ont participé à cette manipulation de masse pravdavienne, annonçant – avant même l’intervention du président de la République – que les Français étaient résignés ! Résultat à la hauteur de leur espérance : 7 Français sur 10 approuvent le reconfinement (sondage France Info), soit les 2/3 des Français non touchés au portefeuille. CQFD.
*Co-fondateur et directeur de la rédaction de Lyon People
Quelle idée aussi de poser ses couilles sur le billot…