. P E O P L E ... c i t y  

.

MARSEILLE
AVIGNON
TOULON

AIX EN PROVENCE

ANNECY
GRENOBLE
SAINT ETIENNE
VALENCE

 

P E O P L E ... n e w s
Lyonpeople, stars lyon, people, lyon, sortie, restaurant / LES GENS

09 mai 2006


 Olivier Durbano Pied-à-terre dans le Marais
 

 Photos © Jean-Luc Mège
 

Par Nadine Fageol

 

Créateur de bijoux en pierres aussi gracieux qu'atypiques, il se partage en Lyon et Paris où il vient d'ouvrir un atelier show-room appartement dans le Marais. Ancrage prometteur.



 

Paris, par l'un de ces gracieux premiers jours de printemps qui vous met en joie. Rue des Francs Bourgeois, on a des envies de serial shoppeuse, parce qu'à ce niveau le fameux triangle d'or lyonnais ça ne vaut même pas la section créateur du catalogue de la Déroute. Le Lyonnais Olivier Durbano a visé juste. Le Marais, quartier d'excellence où transite la planète mode à l'affût de la tendance. Seulement Durbano sévit dans un secteur particulier, celui de l'accessoire, le bijou. Une règle de droit dit que « l'accessoire suit le principal » ; au moment où le sautoir farfelu et coloré règne en maître, les colliers « durbanesques » sont hors mode, hors norme, des pièces aussi graciles que percutantes. Objets cultes en puissance du genre que les plus finaudes arborent au même titre qu'un Kelly d'Hermès. Cependant Durbano a du grain à moudre. De la maison à une simple chaise, avide des méthodes de construction, il étudie l'architecture, mais la presse lyonnaise le découvre par l'entremise des sémillants cartons d'invitations imaginées pour Laurence Renaudin, « Quelqu'un qui a toujours été là ». Beauté irradiée par une certaine réserve, le jeune Durbano a des rêves plein la tête et de la magie dans les doigts. À ses amis, il imagine petites fioles de sable et autres amulettes en guise de carte de vœux. De fil en aiguille, il ébauche ses premières pièces en pierres semi-précieuses montées sur des fils d'anciens métiers à tisser. C'est que Durbano a l'âme voyageuse passionné par la Syrie, il pressent entre tous l'arrivée de l'ethnic chic mais il faudra la présence d'esprit d'un ami pour lui faire comprendre son talent. Durbano dans le doute, c'est cet ami qui s'en va présenter ses pièces à Suzie Wilner chez Solis, « cette grande dame de la mode à Lyon » qui a imposé les leaders de la mode expérimentale, Miyake, Sanders, Demeulester... Durbano est référencé dans la minute. C'était il y a trois ans. Entre temps, il est allé se frotter à Maison et Objets et autres salons étrangers... Fait curieux, « chaque cliente devient une amie », du charme, de la douceur, un certain intérêt pour autrui et surtout une ambition canalisée.



 

Indépendamment de son talent, le créateur s'affirme là où on ne l'attend pas forcément, pas question de déroger, de créer en accord avec la tendance, de se mouiller dans la fange modeuse. Il a un peu donné, prêté des pièces à des créateurs sans retour pas même un merci. Surprise, voici deux ans, il ouvre un bout d'échoppe quai Saint-Antoine, où l'on découvre son étrange capacité à se renouveler, la période Massaï balayée par le romantisme, de colliers de quartz rose greffés de papillons, de fleurs. Cette année, il ose la taille carrée, sublime en œil de tigre, une pierre ressemblant à l'ébène de Macassar, aérienne et quasi transparente dans une serpentine verte à fleur d'eau. Dans son bébé loft traversant, fenêtres côté cour sur le bel ensemble d'immeubles du Centre Culturel Suisse et côté rue des Francs Bourgeois, il explique. « À Lyon beaucoup de gens te zappent une fois que tu as ta propre histoire, tu peux capoter. Pour la première fois Max Chaoul est parti à New York avec quelques-uns de mes bijoux. Impossible de se développer à Lyon, on cherche à le faire ailleurs. Au bout de deux ans, on me dit encore, « ah c'est nouveau, vous venez d'ouvrir ?», c'est rageant.  Il y a des moments où je me demande, comment fait-on pour y arriver ? Même si c'est difficile, si ça coûte cher, je suis content, Paris c'était vital. À Lyon, un étranger pousse la porte de la boutique tous les six mois, tous les étrangers de passage à Paris visitent le quartier». 



 

Pas le choix, l'appartement blanc et beige devient show-room et atelier de jour. Atmosphère épurée, matières nobles, ici chaque objet raconte une histoire, vase et coupelle Murano 50 chinés, le fauteuil seventies offert par une amie, trois instantanés achetés à un Anglais de retour d'Inde. Une photo de Caroline Carlson avec qui il a échangé à la Maison de la Danse sur ce métier d'architecte, celui de son père, qui ouvre bien des voies. Sur la banquette capitonnée, callé entre deux ravissants coussins brodés des créateurs de Hand récemment installés rue Auguste comte, il raconte avoir rapidement équipé les lieux de façon à recevoir au plus vite journalistes, acheteurs et amis. Au bureau ou à même le sol, il crée à l'instinct au fur et à mesure des envies, des idées, de l'arrivée des pierres qu'il fait tailler à sa guise avec une préférence « pour l'intemporel portable été comme hiver ». Une liasse inouïe de perles blanc bleutées habille la nudité d'un mannequin, dans une série de tiroirs plateaux, une nuée de colliers blancs en cristal de roche ponctuée parfois de touches noir d'agate ou de tourmaline, une dizaine de pièces prévues pour l'exposition en mai à l'étage des créateurs aux Galeries Lafayette. Il prépare encore une exposition chez un antiquaire à Bari, sublime station des Pouilles, puis étape à Turin... À dominantes d'encens et de notes poivrées, la création du parfum « Pierre de Poèmes » mis au point à Grasse, imprime définitivement la marque et le style Durbano. Le genre de jus pointu racé en diable qui vous fait oublier le reste, adopté par ses aficionados dont le professeur Dubernard, « un amour » à ce qu'il paraît ! Un parfum déjà référencé dans les parfumeries et boutiques ultra hype en Italie, au Portugal, à Turin, Milan, Rome et depuis peu par le réseau Skin aux Pays-Bas. De passage à Lyon, Olivier se chamaille avec sa collaboratrice Maria lors de la répartition des pièces, file prendre un café chez sa copine Béatrice Denis des Négo, se rassasie aux Trois cochons et prend régulièrement des nouvelles de la styliste Thérésa Florès avec qui il a défilé en mars dernier à l'Étoile, l'établissement hype de Tony Gomez. Difficile de se faire un nom quand on est jeune et sans soutien mais son talent parle pour lui. Attention, Durbano deviendra grand.
 


Réagir à
cet article


A suivre, Victoria Hall, All Edouard

 

Olivier Dubarno
 

 

 

 

 


Le café réchauffé
c'est terminé !
Cliquez ici