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11 décembre 2006


 Nicolas Fafiotte emballe les femmes
 

Photos © Jean-Luc Mège
 

Par Nadine Fageol

 

En quelques années, il s'est imposé comme le nouvel enfant terrible du froufou lyonnais. C'est que derrière sa bouille de jeune tout fou du dé à coudre existe un garçon pétri de talent, décidé, et activement soutenue par une certaine Sylvie Tellier, ancienne Miss France, nouvelle directrice générale adjointe de la société Miss France.

 

Alexandra Garavel (visiterlyon.com)
 

Un numéro de décembre ça se soigne autant qu'un cadeau de Noël, un de ce que l'on a grand plaisir à offrir évidemment ! Alors pour les patrons de Lyon People, un numéro de décembre implique ruban et papier doré, de l'enrobage marquant l'apaisement de la trêve des confiseurs avant l'hystérie élective du printemps. Il fallait une perle, pas question de toc ni même de nickel recouvert d'argent, non de la vraie perle de culture, sans défaut, onctueusement nacrée. Et à ce petit jeu sans mauvaise arrière-pensée, Nicolas Fafiotte est une perle de couture. De premier rang. Pourquoi ? Ne manquant ni de caractère ni de fringant, ce garçon s'est cousu une véritable histoire professionnelle pour devenir sans scandale à l'appui une pointure. Aucune réputation de copieur à ses basques. Aucune association hâtive avec l'un de ces nouveaux roitelets de l'économie qui au nom du fond d'investissement et du « claque 40 », vous expédie illico la « prod » à Tombouctou, la Grande Muraille zappant au passage toutes notions de sociales à environnementales. En matière de textile, on va bientôt les compter, ces Français si créatifs possédant atelier dans l'Hexagone. Fafiotte est l'un d'eux. Point de résistance ou alors de celle motivée par la passion.

 

Madeleine Moughamian

 

Le garçon s'affiche volontiers fantaisiste, la séance photo fut un petit bijou du genre, rieur de tout et de sa propre déconvenue, il dit : « Lyon ne m'a jamais donné la Griffe, pas mal pour un créateur ! » et passe tout de suite à autre chose. Un jovial garçon indiscutablement gourmand des bonnes choses de la vie, et de lui donner une bonne dose de piquant, de mordant à cette vie. C'est ainsi qu'il envoie valdinguer les études de comptabilité. Sauf à tomber sous l'emprise d'une dépression chronique, imaginer Fafiotte jongler dans l'interprétation des colonnes débit-crédit laisse songeur. Non non, le petit Nicolas a bel et bien fugué, quitté son Ain natal et les envies parentales pour intégrer en cours d'année Esmod Lyon, grâce à une bienveillante Isabelle Gleize, et rafler les premiers prix de stylisme et modélisme. Confirmation à Esmod Paris avec un prestigieux premier prix de haute couture. Le genre de bagage qui ouvre les portes de la maison Ungaro puis celle de Max Chaoul à Lyon pour très vite s'affranchir et se broder un début de nom dans sa cuisine. Et là arrive la fée Clochette en la personne de Sylvie Tellier. Le joli brin d'étudiante à la tête plutôt bien faite, elle le prouvera par la suite ; en lice pour le titre de Miss France n'a pas un froufrou en poche. Banco, le Nicolas a des idées et des métrages de soyeuses étoffes lyonnaises dans les placards à la place des balais. Les deux oiseaux rient de bon cœur. Et la taille sanglée d'un bustier dans un déluge de plumes et plumetis, Cendrillon Tellier oublie de perdre sa pantoufle à minuit pour emporter fermement le trophée. Un prêté pour un rendu, la belle n'oubliera jamais ce qu'elle doit et à qui. Fafiotte devient son fournisseur attitré de robes hautes en couleurs, rayé noir et blanc à l'instar des colonnes de Buren. Désormais il a pignon rue du Plat, une muse en faveur, il pique, brode, pince et ourle avec une déconcertante facilité.

 

Nadine Fageol

 

L'une de ses toutes premières collections laisse sur le flanc un public de professionnels quasi endormi lors d'un énième défilé de créateurs lyonnais. Indiscutablement, Fafiotte a pour lui d'aimer les femmes, de délaisser l'idée de collection pour mieux raviver et s'imposer en chantre du sur-mesure, du personnalisé. Lors du reportage, nous voilà happé par un flot de communicantes nous invitant à bien écrire que chez Fafiotte il n'y a pas de « décroché-vendu » mais uniquement du sur mesure. Une maquilleuse coiffeuse polyvalente, le photographe a même enfilé son habit du dimanche, on navigue entre trois petites mains dans un nuage de bandelettes de mousseline turquoise, rouge, violet... Un climat singulier. Ah bon, dehors il y a crise du politique, chômage et trou d'ozone ? Ici on a comme l'impression de se promener dans un rêve d'enfance. C'est un peu la pâtisserie où nous aurions enfin le droit de glisser l'index dans la crème Chantilly. Promue directrice générale adjointe de la société Miss France depuis son rachat par Endemol, Miss Tellier a vendu ses biens lyonnais, habite Paris et annonce son mariage avec le jeune entrepreneur rencontré dans un TGV un jour d'élection. Elle ne renie rien, surtout pas Fafiotte qui exécutera sa robe de mariée, et dans l'immédiat elle est toute à son aise venue « faire la toile » de sa robe pour la fameuse soirée sacrant la plus belle fille avec écharpe en robes Fafiotte pour les cinq finalistes. Une pointe de poudre sur le joli museau flanqué de deux incroyables iris verts, quelques frisettes et miss Tellier abandonne son Blackberry pour se livrer au photographe. Cette fille-là vous enfile de l'escarpin de 7 cm comme le Français son cache-nez au matin gris. Même pas un petit bas cinq deniers, rien, nus pieds, plouf la voilà perchée tour à tour en jeune mariée, en coquette jeune femme vêtue de noir, de rouge, un rien lui va. Comme un petit bonheur ne vient jamais seul, la maquilleuse a repéré mon minoi de quadra, espiègle à ce qu'il paraît. Maquillage méticuleux, brushing sur un brush pourtant tout neuf de chez Jean Louis David, habit rouge avec une veste frou-frou terminée en queue d'Allien, comprendre savamment volantée, Et... Plongée dans les ineffables escarpins à ceci prés que l'aide de Nicolas n'est pas de trop pour se redresser. Ensuite voilà que Tonton Yasser, notre bon photographe s'amuse à me faire prendre la pose. On croit rêver. Dehors, il pleut, ça mouille ; dedans, c'est l'enchantement. Voilà le style Fafiotte, un talent qui fait se déplacer des femmes de toute l'Europe en quête de pièces hors norme, dans lesquelles on se sent étonnamment bien. De la générosité, et cette énorme simplicité qui fait dire que la vie appartient à ce garçon décidément surdoué.


 


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A suivre, Marie Rigaud s'attaque à big Apple

 

Nicolas Fafiotte / Miss France
 

 

 

 

 


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