Guy Bardel au secours des grandes gueules
De notre correspondant Mehdi
Lorsque le personnage est atypique, la rencontre n'en est que plus inattendue :
telle pourrait être la leçon reçue lors de l'entrevue avec Guy Bardel.
Mi-Delon, mi-tonton flingueur, Guy est un de ces hommes d'éducation ancienne qui
allie le bon vivant au travail sans relâche. Se décrivant lui même comme « un
chasseur de talent », Guy Bardel a constitué en quinze ans le plus important
fichier de professionnels de l'hôtellerie - restauration devenant ainsi un
incontournable de la vie Lyonnaise. Une interview riche par la même de son lot
d'anecdotes...
Il
faudrait probablement un livre entier pour compter l'histoire de Guy Bardel et
pour cause il a connu ce que les anciens nomment « la grande époque ». En effet
ce quinquagénaire grisonnant fait figure de véritable caméléon dans le milieu
lyonnais des nouvelles cuisines parfois d'ailleurs plus déco que culinaire. Fort
d'avoir côtoyé les plus grandes toques - ses liens avec Paul Bocuse le
démontrent encore - Guy Bardel vit Lyon sous toutes ses coutures de la grande
époque à l'ère de la restauration branchée, et sans avoir pris une ride, il
transmet les enseignements du service juste.
Recruteur du personnel de l'hôtellerie
restauration, prénommé « Zorro » pour son efficacité et ses habits noirs, Guy
Bardel se targue d' avoir placé près de 10 000 personnes en 10 ans. Autant dire
que peu de serveurs expérimentés ont échappé au pater de la profession. A chaque
jour un nouveau défi lorsqu'un patron l'appelle en détresse ! Mais rien n'y
fait, sieur Bardel ne manque - à priori - jamais de nouvelles missions qui lui
semblent intéressantes. Cette volonté ont construit sa notoriété.
Trouver
sa voie ne fut pas chose aisée pour ce jeune élève de l'école de la rue de
Marronniers. Son enfance difficile l'oblige a travailler dès la fin de son
certificat d'étude. D'abord apprenti plombier - zingueur (le vertige le fait
redescendre des toits), employé dans les ateliers d'une usine à ressorts et
enfin apprenti dans une boulangerie pâtisserie, rien n'y fera ! Guy a besoin de
rêve et le trouvera dans la restauration, aiguillé par un voisin de palier qui,
au volant d'une décapotable, lui fait découvrir les métiers du bar et des
ambiances cocktails.
CAP en poche, il intègre dés 1967 le Casino de
Charbonnière qui sera sans conteste pour lui la meilleure école de vie. Il
décrit alors avec nostalgie la période où ses pairs l'envoyaient « chercher
des bouteilles d'huile de coude à travers la ville, du bleu pour la truite ou
encore lui faisaient remuer les bouteilles d'Orangina tous les matins ».
Ces anecdotes, Guy ne les oubliera jamais. Elles forgeront son humilité.
Néanmoins le jeune loup a besoin d'aller de l'avant et quoi de plus porteur
alors que le service sur la ligne Paris - Lyon du TGV où il garde encore des
souvenirs surprenant. Mettant en contact des femmes d'âge mûr, avec des hommes
plus jeunes, Guy sera apprécié pour son service très discret...
Quelques
années plus tard, une femme débarque dans la vie du désormais homme Bardel. Les
tourtereaux reprennent une enseigne emblématique de la restauration : le
Tonneau d'Or deviendra le rendez-vous du
show-biz.
Johnny, Claude François, Jacques Brel,
Eddy et d'autres s'installeront à la table Bardel intronisé par Pierre
Yves Lamour alors directeur du Palais d'Hiver, music hall de renom. A
la naissance de l'héritier, Guy revend et s'oriente vers des postes de maître
d'Hôtel. En 1982 Gaston Lenotre fait appel à lui pour recruter 40
des meilleurs maîtres d'hôtel lyonnais à l'occasion de la cérémonie d'ouverture
du transit Le Creusot sur la ligne qu'il avait pratiquée autrefois. Réussite de
genre, Guy contribuait non sans mal alors à l'événement national.
C'est
à la suite de cet épisode que Guy Bardel rencontre Mr Lasseigne,
président du groupe France Service qui
lui donnera carte blanche pour ces idées. Un cabinet de recrutement ouvre alors
ses portes : France Service Hôtellerie et
la suite qu'on lui connaît.
Naissance donc d'un service d'urgence autour de son
mentor. Guy Bardel a touché depuis 1985 plus de 80% des établissements sur Lyon.
Aujourd'hui connu de toute la ville il s'offre deux relooking : le premier par
l'institut Carole Relooking qui l'a convaincu d'abandonner les couleurs du héros
espagnol, et le second au travers de son entreprise qui se diversifie dans les
milieux de la mode, de l'artistique et du show-business. Deux affaires à suivre.
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