Evelyne
Leclerc : Ah c'était le bon temps !...
Propos
recueillis par Lucien de Vipoville
Le
« choisissez-moi », l'inoubliable « duo sur catalogue »,
et l'incontournable « Charly Oleg », autant de grands
moments de télévision qui ont fait tourner le manège d'Evelyne
pendant 8 ans. Aujourd'hui reconvertie dans une ténébreuse carrière
théâtrale, Evelyne Leclerc est bien loin d'être la potiche qu'elle
n'y paraît. C'est au « Luminier » à Chassieu, une jolie
petite pension, que la jeune Evelyne nous reçoit gentiment, loin des
paillettes de la croisette.
Qu'avez-vous
fait cette dernière décennie ?
J'ai commencé à jouer en 1987 à Paris une pièce
qui s'appelait Dom Juan d'un dénommé Molière avec Michel
Galabru et Georges Descrières. Ensuite je n'ai fait que
tourner avec des comédies.
J'ai tourné dans « Coup de Foudre »,
après j'ai enchaîné avec une pièce qui s'appelait « Les
Portes claquent », et puis il y a 4 ans je suis repartie sur les
routes avec « Le Canard à l'orange » et aujourd'hui je
joue le rôle titre d'une pièce qui s'appelle « Acapulco Madame ».
On écume la France jusqu'en Guadeloupe, St Martin et même Nouméa ;
donc on bouge beaucoup, on est ravi et moi c'est un genre de vie qui me
convient parfaitement. »
En
1987, vous viviez les heures de gloire de Tournez-Manège ;
quelle a été la première réaction de vos premiers collègues de théâtre ?
J'ai
été immédiatement acceptée parce que c'est un metteur en scène
reconnu qui m'a choisie. C'est d'ailleurs tout à l'honneur de
Georges Descrières qui a eu le courage d'engager quelqu'un comme moi
avec une étiquette bien collée. Et rien que pour ça je crois que je ne
le remercierai jamais assez. »
Croyez-vous
que vous êtes encore populaire aujourd'hui ?
J'ai
l'impression que rien n'a changé depuis que j'ai arrêté la télé.
Que ce soit au théâtre, dans les grands magasins, sur une foire
quelconque ou avec les Grosses Têtes, le public est toujours là. C'est
pas le fait de ne plus avoir d'émission de télé qui a changé ma vie.
D'autant plus que je suis tout le temps invitée dans les émissions des
autres. Je suis retournée récemment dans C'est Mon Choix. ; ce
doit être la cinquième fois que j'y vais. D'ailleurs cette fois ils
m'ont trouvé l'homme de ma vie, c'était très drôle En plus pour
une fois les rôles étaient inversés puisque d'habitude c'est moi la
marieuse...
Quel
regard vous posez sur la télé d'aujourd'hui ?
Je
trouve que tout se ressemble. Dernièrement j'ai regardé Dechavanne
sur le une et simultanément Ruquier sur la deux...C'est le même
genre d'humour, le même type d'émission avec une table, un meneur de
jeu et des invités. Je trouve ça débile et pour toutes les émissions
c'est pareil. J'aime bien Julien Courbet, j'aime bien Ardisson
et bien vous prenez leurs émissions, c'est exactement le même principe :
un animateur-vedette, un invité-vedette, du bla-bla, on rigole et le
public applaudit. C'est toutes les mêmes émissions, je trouve ça débile ! »
Vous
ne trouvez pas ça un peu débile que beaucoup d'émissions de télé se
ressemblent aujourd'hui ? Non, je plaisante... Mais vous vous
feriez quoi ?
Moi
j'ai un jeu, il est dans mes cartons. Ca fait 10 ans que je l'ai mais
je ne m'en occupe pas assez tout simplement parce que je n'aime pas
frapper aux portes. Mais un jour ça viendra parce que mon truc est
excellent ; de toute façon je l'ai déposé ! Et puis moi si
j'étais Directeur de chaîne aujourd'hui, au lieu de me creuser la tête
je reprendrais Tournez-Manège tel qu'il était à l'époque et ça
ferait un carton ! Ce jeu c'était un vrai phénomène de société.
L'intelligentsia parisienne en parlait partout.
On a même eu des
articles de fond dans Libération, l'Express, le Point
ou le Nouvel Obs. On n'a pas fait la une que de France-Dimanche
et Ici Paris. A mon avis tout cet engouement est venu du fait que
l'émission était vachement sincère. Il n'y a eu aucun trucage, les
candidats étaient de vrais candidats, on ne leur donnait pas les
questions à l'avance, les gens étaient libres de s'habiller et de se
coiffer comme ils le voulaient...
Au
secours j'en ai encore des frissons !
...de
toute façon je crois qu'on ne peut pas tromper le public. Il n'est
pas fou le public, sinon ça ne ferait pas 32 ans que je fais ce métier.
Ah
oui, 32 ans quand même. Bon et bien je vais appeler l'infirmière pour
qu'on vous remonte dans votre chambre !
|