Cours
de philo avec Francis Lalanne
Propos
recueillis par Lucien de Vipoville
Attention
si vous lisez rarement autre chose que « Voici » vos neurones
vont chauffer.
En
effet, une interview de 15 minutes avec Francis Lalanne ça vire très
vite à un mélange de « Bouillon de culture » et de « Gai
savoir » avec le Dalaï-lama comme invité.
Et
pourtant tout avait bien commencé, excepté le fait que Francis a refusé catégoriquement d'éteindre son mobile pendant l'entretien ;
du coup léger agacement de votre serviteur. Et après avoir commandé mon
triple whisky-coca, je branche mon magnéto-digital-bionique et là j'en
prends plein le cervelet... j'ai vraiment regretté d'avoir pompé la
philo pendant toute mon année de terminale.
Lucien
de Vipoville : Francis, qu'est-ce que vous faîtes à Lyon
aujourd'hui ?
Francis
Lalanne : J'ai répondu à l'invitation du Grand Casino de
Lyon avec beaucoup de plaisir. J'aime bien chanter dans des lieux où je
peux être proche des gens. J'ai fait des salles comme le Zénith récemment
et j'avais vraiment envie de me retrouver près des gens. Dans les
grandes salles c'est le public qui vient à vous, dans les petites
c'est vous qui allez à la rencontre du public.
Vous
avez quelle idée du public lyonnais ?
Je
ne me rappelle pas d'un seul soir à Lyon où le public était froid ;
j'ai toujours senti ici une grande chaleur humaine.
Vous
avez vos adresses ici ?
Ouais
mais c'est private.
Jusque
là ça va, me direz-vous, mais dès qu'on passe à moins concret notre
Francis et ses bottes de 7 lieux provoquent en quelques secondes une
collision très violente entre les deux hémisphères de son cerveau. De là
jaillissent alors des idées et des phrases qui feront certainement que
Francis Lalanne finira statufié au Panthéon des poètes modernes.
Vous
êtes connu pour des coups gueules assez virulents, est-ce vraiment votre
personnalité ou bien juste une image que vous voulez donner ?
J'ai
du m'énerver 2 ou 3 fois dans toute ma vie et manque de bol c'était
devant des caméras, franchement j'exagère à peine, c'est un peu ça
l'histoire.
Vous
êtes quelqu'un que tout le monde connaît mais en même temps je vous
trouve assez discret ; est-ce que vous gérez votre notoriété ?
On
peut dire que ça se gère oui ; il faut savoir quand dire oui et où
il faut dire non. C'est une question de contexte, il faut pas se
galvauder et surtout pas se brader. Moi, ça ne me gêne pas de me
retrouver dans une émission populaire qui est taxée d' idiote et
stupide par l'intelligentsia, si ce qu'on me propose dans ce genre
d'émission ressemble à l'idée que je me fais de l'échange entre
êtres humains. Alors peut-être bouderai-je une émission qui se prétend
plus intelligente que les autres si le fond de cette émission c'est
justement d'expliquer aux autres qu'ils sont moins intelligents. Je déteste
cette fatuité et cette vanité. C'est une forme de pseudo-intelligence
qui ne m'intéresse pas. Je préfère être idiot à ce moment-là.
L'intelligentsia dont je vous parle, je l'ai rencontrée souvent.
C'est une des raisons des conflits que je peux avoir avec ce métier ;
c'est que j'admets mal qu'on puisse se croire supérieur à qui que
ce soit .
On
a l'impression que plus on veut être sincère et plus c'est difficile
de se faire entendre ?
Oui
et c'est vrai partout. D'une manière générale, plus on va vers
l'authenticité et plus c'est difficile. Mais je crois que le monde
dans lequel nous vivons n'a pas vocation à être authentique. Mais
attention ! Je parle du monde des hommes et non pas de celui des âmes,
je parle de l'humanité. Hors l'humanité ne prend pas le chemin de
son développement. L'humanité involue parce que l'humanité doit
faire disparaître l'être humain en tant qu'individu pour globaliser
une conscience : c'est quand même la pire des violences que d'ôter
à chaque esprit sa capacité de choisir sa voie, son destin, son
existence. Ca c'est quand même la chose qui me semble la plus inquiétante
pour l'avenir ! Je pense que si on ne s'éveille pas on va vers
la fin du monde ;celui des hommes bien sûr pas des âmes puisque le
monde des âmes ne finira jamais.
Quand
te reverrais-je pays merveilleux ? !
Aléa
jacta est.
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