Marco Gazelli, les belles errances d'un
artiste libre...
Par Françoise Petit
Avec sa tête pouvant séduire un disciple de Fellini, Marco Gazelli ne fait pas
de cinéma. Sa bouille d'enfant qu'il supporte depuis 60 ans est la meilleure des
thérapies quand il dit que l'art c'est de l'esprit mais, aussi de l'exploit
physique.
D'un atelier du 6e, à cette usine désaffectée frôlant une voie ferrée, d'une
exposition à St Germain-des-Prés, à celle de St Fons, les champs d'action de
Marco Gazelli gazouillent un peu partout. Pour cet oiseau migrateur, c'est
presque une stratégie de sortir des logiques artistiques. Le monde qui lui
convient ne peut se réaliser que dans l'espace, un espace longtemps rêvé.
Là-bas
du côté d'Argis, Marco l'Afri-cain (il est né à Casablanca) s'est déniché un
lieu-refuge, perdu com-me en montagne, silencieux malgré les trains, sans
confort apparent.
Une cafetière, un frigo, un matelas, il n'en faut pas plus pour peupler
l'univers de Marco privilégiant les volumes, les surfaces, la lumière des
verrières pour sculpter. Sculpter des personnages venus de pays où le soleil est
roi. Silhouettes d'hommes et de femmes vêtues d'argile. « Son » argile
travaillée en lamelle évoque des rubans de terre qui habillent, lovent,
réchauffent des corps métalliques, bases de chaque création.
Marco est un peu un couturier de la terre, quand il sort, au gré de ses propres
saisons, des collections d'uvres choisies chez les touaregs, les Mexicains, ou
les Égyptiens. Le Maroc de son enfance n'est pas étranger à sa façon de créer et
de toucher la puissance des matériaux, épouser les couleurs fortes et
essentielles de sa pensée. En Corse, (« sa mère d'attache »), il a aimé tailler
des blocs de pierres pour construire des maisons, à Lyon ses expositions
bétonnent sa passion de l'art vérité. « De l'imagination et de la sueur » un
leitmotiv pour Marco Gazelli qui au nom de son fils Alexandre (8 ans), redouble
d'énergie.
Le « petit » sait que son père joue à le séduire en lui racontant des histoires
vraies. Marco écrit les plus belles pages de la vie d'Alexandre avec de
l'argile, des muscles et du bonheur. Les élèves de St Rambert en Bugey savent
tout ça. Sur le mur d'enceinte de leur collège un bas-relief signé Marco Gazelli
« parle » d'un voyage imaginaire. Entre rêve et réalité, le voyage continue.
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