Jean-François
Mesplède, un gastronome en survêtement !
Haut
comme trois pommes, il mimait déjà les commentateurs sportifs aperçus
furtivement sur la télé noire et blanc de ses parents. Depuis, Jean-François Mesplède a concrétisé son rêve d'enfant. A 52
ans, ce natif de Toulouse a passé la moitié de son existence à Lyon
dans la galaxie journalistique.
C'est
après un bref passage dans la fonction publique parisienne qu'il découvre
notre cité, au beau milieu de années 70, en compagnie de sa première
femme... mais c'est la seconde qui l'enracine définitivement entre Rhône
et Saône. C'est là qu'il fait ses premières armes au Point du jour, le journal
de feu l'union de la gauche, en tant que correspondant sportif avant de
rejoindre Lyon Matin en 1981 où travaille sa nouvelle dulcinée. Au
moment de la fusion, il rejoint la rédaction sportive du Progrès qui compte une
vingtaine de journalistes. Des clubs régionaux aux compétitions
internationales, il a vécu en direct les derniers soubresauts de
l'amateurisme et le triomphe du sport business.
A
l'occasion des obsèques d'Alain Chapel en juillet 1990, il écrit son premier papier
socio-grastro pour l'Hotelerie avant de démarrer sa collaboration avec Les
Petites Affiches. Cette conversion s'est faite sous
l'impulsion de son épouse : Avant
je mangeais utile résume-t-il.
Quid de son nouveau hobby ? Aujourd'hui
je trouve que c'est plus agréable de travailler pour la gastronomie. A
une époque, on pouvait voir les joueurs dans les vestiaires,
aujourd'hui il faut patienter des heures pour les approcher, il y a des
entraînements à huis clos... et d'enchaîner
sur son joueur favori : J'ai
plus de facilités à voir Paul
Bocuse, qui est une star mondiale, qu'un joueur de l'Olympique
Lyonnais ! A l'occasion, il n'hésite pas à se
transformer en rappeur avec la complicité de Guy
Savoy, Bernard Loiseau à la plus grande joie du maître de Collonges.
S'il
cumule désormais les mandats, c'est sans nul doute dans la gastro
qu'il s'investit le plus.
Outre les collaborations citées précédemment, il édite avec son épouse
Annie le guide bilingue Lyon Restaurants qui regroupe cette année 135 établissements
et qui devrait connaître d'ici peu un prolongement sur Internet.
Comment
réagit-il quand il fait une mauvaise rencontre dans son assiette ?
Cela ne me semble pas utile
de casser le travail d'un établissement, je mets l'adresse de côté
et je m'arrange pour revenir pour me faire un jugement définitif. Je
pense qu'il y a des restaurateurs qui n'apprécient pas notre façon
de travailler mais je ne suis tricard nulle part ! glisse-t-il en souriant.
Jean-François peut donc s'inviter
partout, aussi bien chez ses détracteurs - qui ne peuvent lui refuser
l'entrée sous peine de refus de vente - que chez ses copains. Mais
les brouilles sont rares, en témoigne l'accueil chaleureux réservé
par les grands chefs à la sortie, en 1998, de son ouvrage consacré aux 3
étoiles Michelin (ci-dessus).
Les
aubergistes tentent-ils de peser d'une façon ou d'une autre sur son
jugement ? Réponse très vive de l'intéressé :
Parfois
on est invité, mas je choisis alors qui m'invite et ça n'influence
jamais mon jugement. Si le restaurateur pense qu'il peut m'acheter en
m'offrant le repas, je dirais ironiquement que ce n'est vraiment pas
cher ! Je suis capable de payer mes additions et ça ne me pose
pas de problèmes ! D'autant que Jean-François peut
compter sur la générosité de son patron, Fernand
Galula, qui ne se contente pas de régler les notes de frais mais
laisse à son chroniqueur une autonomie totale.
Même
si sa nouvelle fonction lui a permis de sortir de l'anonymat de la rédaction
sportive du Progrès, on ne peut
pas dire de Monsieur Mesplède qu'il soit un mondain invétéré. Son
cocon est sans nulle doute sa vie de famille qu'il privilégie par
rapport aux pince-fesses. Car il n'est pas seulement sportif sur le
papier. Il a ainsi bouclé le marathon de New-York en 1999 avec à la clé
une collation dans les cuisines de Daniel
Boulud en compagnie de Philippe
Gauvreau, Jean-Paul Lacombe, Philippe Rispoli et Frédéric Côte (ci-dessus).
Sa
relative discrétion ne l'empêche pas d'affirmer son identité - en
prenant soin d'éviter la polémique - par rapport à ses confrères en
général : Chacun a
sa façon d'aller voir les restaurants. Cela ne m'intéresse pas de
porter un jugement sur la façon dont mes confrères font leur travail.
et Pierre Grison en particulier :
J'essaie de ne pas être
passéiste et de ne pas enfermer la cuisine lyonnaise dans le carcan des
lyonnaiseries. Et toc !
Crédits
photos: Becam/Lyon Reportage - Ateliers Proust - Jetpeople
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