Philippe-Marc Jocteur :
bain de campagne a
l'île barbe !
De notre correspondante Françoise Petit
Dans son tout nouveau chez lui au dessus de la boulange ,
Philippe-Marc Jocteur s'est dessiné une île qui accepte peu de touristes.
Solitaire comme un marin pourrait l'être, convivial lorsque c'est nécessaire, ce
disciple de Banette prêche la vie simple.
Opération
torpillage à Hossegord ! Imaginez Jocteur, sous l'eau, en train de
cisailler les jambes de ses surs devant un père médusé par la peur de
l'eau. Philippe-Marc avoue qu'il ne manquait pas d'idées pour faire le zouave.
Une façon friponne de répondre à une éducation assez rigoureuse mais ô combien
prometteuse. A Colombier-Saugnieu où sa mère avait été nommée directrice du
Groupe Scolaire, il fallait savoir s'adapter à d'autres valeurs que celles
enseignées en ville.
Accueillie comme une véritable notable au village, Maryse,
brillante diplômée de l'E.N de Grenoble, fut la propre maîtresse d'école de son
fils ! C'était l'horreur parce qu'elle se montrait beaucoup plus sévère
avec moi qu'avec les autres mais, il faut avouer, je n'avais pas très bon
caractère . Résultat : les punitions pleuvaient. Le sourire restait
cependant prioritaire pour cet élève conscient de l'importance du devoir
accompli.
Dans
une ambiance d'autorité et d'amour, sa grand-mère paternelle mettait en
application la notion de mérite. Pour obtenir de l'argent, il fallait t r a v a
i l l e r ! Une pièce... oui mais jamais sans avoir : aider aux champs, fait la
vaisselle ou nettoyer les tombes du cimetière... J'adorai aller au
cimetière. Le dimanche c' était un but de promenade. A y réfléchir, je pense que
cette pratique dominicale est à l'origine de mon culte des croix . Mystique
et facétieux Philippe-Marc quand il était enfant de chur, n'hésitait pas à
mettre de l'eau dans le calice du curé, le privant ainsi d'une gouleyante
communion !
Rien de très répréhensible dans tout çà, seulement des blagues de
potache qui agrémentent des souvenirs d'enfance. Plus sérieux Philippe-Marc
lorsqu'il explique que ses parents se sont sacrifiés pour leurs enfants : malgré
la situation de papa- qui était dans les transports- et maman -confortable-,
élever six enfants n'était pas une mince affaire . Une organisation
s'imposait. Les Jocteur combinaient, alternaient effort et plaisir. Effort de
poursuivre des études privées ou supérieures qui coûtaient cher, plaisir chaque
été, de passer en famille, un mois entier à la mer ou à la montagne.
Le besoin d'autonomie - dès l'âge de 10 ans - du futur boulanger P.DG de l'Ile
Barbe, ne déclencha pas un conflit de génération. On laissait le petit aller
à Souvigny dans l'Allier ou son oncle et sa tante contribuaient à construire la
personnalité du neveu déjà bien adulte dans sa tête. La campagne, toujours la
campagne. Il faut être propriétaire de sa terre disait encore sa
grand-mère. La terre de Philippe-Marc est au bord de Saône, sur une place
charmante qui fleure bon le pain. Préférant la pierre au verre, le bois au
stratifié, l'argile aux produits de synthèse, ce passionné d'art cultive en off
ses amitiés : la vie nous impose d'être en représentation, ce n'est pas ma
vie . Ainsi préfère -t'il discuter avec Gérard Colomb autour d'un
petit mâchon que de jouer les charmeurs d'élus sur la même personne à l'Hôtel de
Ville. Ainsi respecte t'il Paul Bocuse sans avoir la prétention d'être
son ami, s'amuse t'il comme un petit fou avec Jacotte Brazier,
admire t'il comme un tableau de Vinci, Jean Ducloux , remercie
t'il le ciel d'avoir rencontré Joseph Nicot*, etc...
Sa maison est à son image, remplie de valeurs sûres, d'objets qui ont l'âme d'un
passé simple ou chargés d'émotion, de bûches qui craquent dans la cheminée.
Couleur Couty aux murs, saveurs subtiles dans la cuisine, home cinéma dans la
chambre, Philippe-Marc Jocteur oublie dans ce décor qu'il est un chef
d'entreprise employant 54 personnes. Ce natif de Vienne est devenu un vrai
lyonnais amoureux de sa ville, de son quartier. La vague high-tech qui part de
L'Ouest ne franchira pas la place Jocteur. Ici, jure Philippe-Marc,
ce sera toujours la campagne !
* Joseph Nicot, Président Banette France, propriétaire des Moulins Banette
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