Isabelle tombe
le masque !
Du
Gourmandin au Seven'th, la panthère noire a
planté sa griffe exotique pendant dix ans sur
l'univers de la restauration lyonnaise.
Avant d'être débarquée de Gerland début
2002. A la fois énigmatique et joueuse, cette
jeune retraitée de la nuit s'apprête à
prendre un nouveau virage... Flash black !
Bar
du Martini - 13h. Elle est presque à
l'heure pour notre entretien... Après avoir
déplié ses interminables jambes
soigneusement dissimulées sous un jean noir,
elle active ses grands yeux de biche... A
l'affût ! Comme tous les félins, elle
de nature discrète voire pudique.
Et
l'exercice de l'auto-promo devant les
micros de Lyonpeople ne
l'enchante guère... « Quelle
connerie va-t-il me sortir ? »
semble-t-elle penser en trempant délicatement
ses lèvres bombées dans sa coupe de
champagne...
Comme on veut pas l'effrayer,
on va commencer très soft... On
apprend qu'elle est née en 1963 à Mâcon,
d'un père sénégalais et d'une mère
française. Papa est militaire de carrière et
maman secrétaire de direction. Enfance et
adolescence sportives : « Au
lieu de courir après les garçons, je
courrais derrière un ballon de hand. »
s'amuse-t-elle. « Tu bien rattrapée
depuis ! » lui rétorque-je
pour la taquiner...
Imperturbable, elle enchaîne :
bac littéraire en poche à 18 ans... et
direction l'Ecole hôtelière de
Thonon-Les-Bains. A 21 ans, « la vraie
vie » commence sous le signe de Mercure
(Beaune puis Chalon) où Isa est en charge de
la réception. Un petit détour par la
capitale (PLM Saint Honoré) et puis
s'en va... à Charbonnières.
On
ne saura pas si c'est au bord de la piscine
(du Mercure Charbo) qu'elle fait la
connaissance de Daniel Abbatu
(ci-contre). Toujours
est-il qu'un an plus tard, elle fait ses
petits paquets et se retrouve à ses côtés
sur le quai de la gare. Des Brotteaux !
Où
le Gourmandin, le lieu novateur du
moment ouvre tout juste ses portes. « C'était
un site magique, mélange de bistrot et de bar
d'ambiance » se souvient la panthère,
les yeux au ciel. Chargée des RP, Isa fait
merveille et se constitue les bases d'un
solide carnet d'adresses.
En
1991, nouvelle opportunité et nouveau départ.
On la retrouve à la direction de la brasserie
Le Scriban, boulevard de Stalingrad (ce
même restaurant deviendra le 115 en
1998 !). En 1994, fin de l'aventure
« salariée » pour Isabelle !
Après 10 ans chez des patrons, elle décide
de voler de ses propres ailes.
La migration
sera de courte distance puisqu'elle se pose
à Gerland. C'est là que sommeille une
institution lyonnaise tenue par la famille
Argenson. Les parents partent à la retraite
et leur fils Guy ne veut pas reprendre
l'affaire pour des raisons personnelles (il
est aujourd'hui professeur de cuisine dans
un lycée hôtelier d'Aix-en-Provence).
Deux
associés financent l'acquisition : Jean-Pierre
Blanchard (flic) et Bernard Palain
(garagiste) accompagnent Isa en tranquilles
sleeping partners (l'un plus que l'autre).
La laissant seule aux commandes de l'Argenson
où « les moments de bonheur
alternent avec les moments difficiles ».
La coupe du monde de 1998 laisse entrevoir à
la panthère de nouvelles possibilités.
Début
1999, elle rachète les parts de ses associés
et les propose à Jean-Claude Caro.
Objectif : « dégourdir »
l'établissement en ouvrant le soir avec
organisation de fêtes en tous genres. Une
association qui fera long feu : « Travaux
entamés + engagements non respectés =
situation dramatique » résume très
pudiquement Isabelle. Qui ne veut pas s'étendre
sur le sujet (la procédure qui opposait les
deux ex-associés a été récemment stoppée
à l'amiable).
La
proximité de Gerland et de l'OL lui ont
permis au fil du temps de nouer des liens très
étroits avec le monde du football
professionnel. C'est donc en toute logique
qu'elle se tourne vers le Président Aulas.
« Sans lui, c'était le dépôt de
bilan ! » concède Isabelle.
Via sa holding SCPS, le patron
de l'OL acquiert 50% du bébé. Le ciel se dégage
pour Argenson promptement rebaptisé le
Seven'th. L'inauguration a lieu en décembre
1999.
Côté management, les temps changent
aussi. JMA se comporte en actionnaire actif même
s'il laisse à la belle Isa la gestion
courante. Mais l'activité du soir tarde à
démarrer, les frais sont lourds... il faut
recapitaliser l'entreprise. A la faveur de
cette augmentation de capital, JMA devient
majoritaire. Le félin se retrouve en cage...
mais conserve 34% des parts.
Eté
2001. Les plus belles filles de Lyon rallient
la terrasse du Seven'th pour les soirées
lounge concoctées par Cédric Dujardin.
Une compil maison (signée Mc Ben Music)
arrosée de Champagne : c'est la fête
et c'est (enfin) du cash ! (voir reportage).
Tout à sa joie, la panthère se réchauffe au
soleil. Pas suffisamment cependant pour
engranger les forces nécessaires à passer
l'hiver.
Le
CA du Seven'th a doublé en une année
mais les résultats ne sont pas au rendez-vous !
Fin 2001, la rupture avec Jean-Michel Aulas
est consommée. Une nouvelle vie attend
Isabelle. Nom de code « Késako ».
(voir
chronique)
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