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12 novembre 2002

 

Primeur : les raisons de la colère de Jean-Louis Manoa

 

 

Vice-président des Authentiques Bouchons Lyonnais, propriétaire du Mercière et associé aux Planches, un pieds dans le passé, l'autre dans la branchitude... Le verbe haut et la moustache en bataille, il n'y va pas avec le dos de la cuillère quand on lui parle du primeur...

 

L'interdiction de boire du Beaujolais primeur avant le 3ème jeudi de novembre, c'est encore respecté ou c'est bidon ?

Il faut bien reconnaître qu'on le goûte largement avant ! Il n' y a donc plus le plaisir de la découverte du dernier moment. Pour des raisons de commodité, on reçoit toujours le vin cinq jours avant la date fatidique. Sous condition express de ne pas le vendre !

 

La fête est donc un peu galvaudée !

Non, ça reste magique pour un vin qui n'est pas terrible ! Et c'est une fête populaire comparable à la fête de la bière de munich. Trois jours de bringue dans la morosité de novembre, ça ne se refuse pas !

 

Quel message souhaitez-vous faire passer à cette occasion ?

Le Beaujolais ne se réduit pas au seul primeur. On peut en boire toute l'année ! Le Beaujolais Nouveau a été trafiqué, galvaudé... Ce sont des gens comme Duboeuf qui sont les premiers responsables... Duboeuf a été obligé de ratisser large parce qu'il vend dans le monde entier. Il est donc dans l'incapacité d'assurer une qualité extrême. Son primeur est différent en fonction de ses destinataires. Chez les grands chefs, il envoie ses meilleures cuvées. Par contre à Hong Kong...

 

A-t-il nivelé le primeur par là-bas ?

Pour plaire à un large public, il a fait une qualité standard. Certains parlent même de « duboeufilisation » ! C'est comme le Guigal en Côtes du Rhône, c'est un vin linéaire, sans risques...

 

C'est pas très bandant, tout ça !

Tout cela est du au fait qu'on s'éloigne du terroir. Le gamay est un cépage difficile à travailler. Et l'on a donc traité les vignes et les sols à outrance. Certains n'hésitent donc pas à utiliser des levures sélectionnées en laboratoire pour que le vin ait du goût. On s'éloigne ainsi des levures indigènes propres au terroir.

 

Qui se partage la responsabilité d'une telle situation ?

Elle est collective : vignerons et marchands d'un côté, vendeurs de produits chimiques et d'engrais qui ont appauvri les sols, de l'autre. Aujourd'hui, c'est difficile de faire machine arrière. Pour s'en sortir, les vignerons doivent refaire de l'agriculture au sens premier du terme.

 

Le consommateur a-t-il aussi une part de responsabilité ?

Aucune. Mais il n'est pas dupe ! Surtout à Lyon ! C'est paradoxal, mais il y a plus de plaisir autour de la bouteille et du vin dans les bistrots parisiens ! Pour le consommateur, le prétexte c'est la fête, pas le vin !

 

C'est un peu la philosophie des Authentiques Bouchons Lyonnais ?

Exactement ! Faire retrouver le plaisir du vin à la jeune génération !
 


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A suivre, Guy Bardel au secours des grandes gueules
 

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