Julien
Mingat, on the road again !
Vous
n'apercevrez plus son visage penché par la
fenêtre qui surplombe le garage Mingat à
Caluire. Elle s'est refermée à tout
jamais. Julien Mingat, pionnier de la
location automobile, trace désormais sa voie
sur les routes du paradis.
La
scène se passe au cours de l'hiver 2001.
Dans le froid et la brume, quatre hommes sont
plantés sur le trottoir du cours Aristide
Briand. Si ils ont la tête en l'air, ce
n'est pas pour observer les caprices de la météo.
A 4 mètres au dessus d'eux, un homme à sa
fenêtre, capte toute leur attention. Cet
homme, c'est Julien Mingat, dit « le
Chef », qui écoute sans broncher le
rapport quotidien de ses fils et petits fils.
Il
a 88 ans bien sonnés et il est censé être
« retiré des affaires » depuis
longtemps. Mais le garage, c'est toute sa
vie ! C'est pourquoi il a choisi de
continuer à habiter à quelques encablures. Pour voir passer et
repasser ses camions qui sont alignés à cet
endroit depuis 1943.
Un an auparavant, les
quais ressemblaient encore à un no man's
land et les bâtiments accueillaient encore
les alambics d'une distillerie (ce qui
explique sans doute le très net penchant des
petits enfants pour la bibine...).
Flash
back : en 1936, le jeune Julien traverse
le tunnel de la Croix Rousse pour s'installer
ses ateliers dans le 6ème. Délaissant
Vaise et le garage de l'hôtel du Tourisme
(ci-contre) tenu par son père Jules.
Ce dernier était affublé d'une double
casquette : hôtelier aux
étages supérieurs et patron des taxis
vaisois au sous-sol.
L'histoire raconte que
la famille de Michel Pakloglou (Le
Saint Antoine), fraîchement débarquée, a
fait ses premières armes de taximan chez Julien (C'est dans ce même local que la
boutique Juste à côté décline désormais
ses objets de déco).
Les
automobiles sont encore une denrée rare dans
les rues de Lyon et Julien a l'idée de
proposer à la location les taxis paternels. A
destination d'une clientèle plutôt huppée.
L'affaire initialement installée rue Michel
Perret (6eme) déménage donc à Caluire au
beau milieu de la seconde guerre mondiale.
Malgré quelques soucis avec la kommandantur
locale, Julien s'emploie à développer son
parc (une vingtaine de tractions et de
camions) tout en couvant du regard ses deux
joyeux bambins.
C'est
peu dire que Gilbert et Jean-Jacques
(n°1 et 10 sur la photo) sont tombés dans la
marmite de la mécanique quand ils étaient
petits. En pension à Voiron, ils mettent en
pratique leur formation technique (mécanique
et tôlerie) dans les fosses du garage pendant
le week-end.
Leurs études terminées, les
fistons intègrent l'entreprise familiale.
Qui, au fil des années prend de l'ampleur.
En 1970, création d'Allo Taxi (qui
compte aujourd'hui 300 véhicules). Puis en
1978, inauguration d'une nouvelle
implantation à Vaulx en Velin, plus apte à
accueillir l'activité poids lourds.
Désormais
les camionnettes jaunes et blanches font
partie de notre paysage quotidien. Et pour
cause : ce sont aujourd'hui près de
1600 véhicules qui roulent sous les couleurs Mingat.
La quatrième génération - Rémi,
Stéphane, Greg (ci-dessus) et Agnès
- ne compte pas en rester là.
Elle a à cur
de pérenniser l'entreprise familiale et de
poursuivre la légende. Les années 90 ont vu,
sous son impulsion, l'ouverture de quatre
nouvelles agences. Et ce n'est pas fini :
la cinquième génération - Julien,
Margaux et Laurie-Anne - s'entraîne
déjà au bac à sable avec un parc de
voitures et camions en modèles réduits.
Dans
le petit cimetière de Dommartin, Julien
Mingat peut dormir en paix.
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