Le
jardin secret de Guy Darmet
De
notre correspondant Denis de Montgolfier
Guy
Darmet est un mec gonflé et
insupportable ; pour embêter sa maman, il est arrivé un beau jour
d'août 1947 quand toute la France cherchait des ventilos, des caves fraîches
et des bâtonnets glacés. Le 9 août, en pleine semaine de canicule
historique, le guitou fait son apparition dans une clinique de la
Croix-Rousse à Lyon qui n'existe plus aujourd'hui (Saint Augustin,
que les rescapés qui connaissent, lèvent le doigt !). « Ce
fut très dur pour ma mère » se rappelle Guy Darmet ; sa
maman méritante avait compris : Guy serait le seul chef d'uvre
de sa vie, circulez, il n'y a plus rien à voir.
Nous
sommes juste après la guerre et 1947 est une excellente année de vin ;
chaleur et bonne bibinne, le futur Môsieur Danse de Lyon avait
montré le chemin : exotisme et festivités. Arrière-petit-fils de
soyeux lyonnais, Guy est tombé amoureux avant les autres ; à 4 ans,
le fiston débarque avec ses parents au théâtre antique de Fourvière.
C'est le coup de foudre devant Rosella Hightower et les ballets
du Marquis de Cuevas.
Mais,
le papa, cadre commercial dans une soierie lyonnaise ne rigole pas ;
« Tu feras tes études aux Chartreux, mon fils ! »
La danse est vite oubliée et le jeune artiste lyonnais se lance dans un délire
noir : les études de droit. Le jeune croix-roussien voulait devenir
avocat, on ne rit pas ! Cela va vite lui passer. Quand, au bout de
quelques mois, le beau Guy laisse tomber les études de droit, il pousse
la porte du Progrès. A la régie publicitaire, il
s'occupe de la promotion et de marketing ; « C'est là où
j'ai appris beaucoup de choses ». On comprend : cela
s'appelle se faire déniaiser, Guitou !
Le
meilleur est à venir ; le Guy Darmet swing travaille après
à chercher des cadres commerciaux pour Destop. On ne
rêve pas, c'est l'horrible produit pour déboucher. Le décapage
continue. Un an chez Norev, les voiture miniatures, puis le
service militaire. « Pour la première fois, j'ai été
confronté à la mort ; j'ai accompagné le corps d'un camarade décédé,
en train, d'Allemagne à Rouen ». Son nouveau salut, il le
doit à une copine. En octobre 1994, la trépidante Carole Dufour embarque
Guy à Résonnance, le bi-mensuel lyonnais. A 27 ans, Mister
Swing s'occupe de la publicité, de la promotion et des avant-premières
théâtres et cinéma. Le p'tit gars a faim et sent le bon coup. Il
devient rédac'chef à Lyon Magazine et commence à écrire
sur le ciné, le théâtre et on y arrive enfin : à la danse.
Etre
journaliste attire parfois les inimités. « Un jour, j'ai écrit
un papier sur Louis Erlo que j'ai appelé Le Fantôme de l'Opéra,
allusion ouverte aux absences répétées du maître ». Ce dernier
lui a tiré la gueule pendant un bout de temps, Guitou grandit.
La
parenthèse d'une collaboration avec le magazine Danse
terminée, le supporter numéro un du projet de la Maison de la
Danse peut entrer en scène. Guy Darmet est nommé directeur de
cette nouvelle institution.
Trois
ans après, il devient directeur artistique de la Biennale de la Danse après
l'avoir créer. Aujourd'hui, il regarde derrière comme l'élève
content de son parcours. « Pas d'enfant, c'est le regret de
ne pas transmettre ». « Dieu, je m'interroge sur le
fait qu'il soit parfois au abonné absent et qu'il laisse faire des
choses qui sont choquantes ». Amen, mais Guy ne va pas en paix.
Car le bougre swinguant et insatiable voudrait écrire une fiction sur sa
vie et produire un film. « L'écriture, ça me manque beaucoup »
gémit-il sans trop s'attarder. Il lui reste à consolider le
financement de la Maison de la Danse et à bien orchestrer les 4500
personnes qui préparent le défilé de la Biennale en septembre prochain.
Si
vous demandez à Guy de répondre à cette question piège : Barre,
Collomb et Chabert se présentent à la Maison de la Danse
mais il ne reste que deux places assises, qui jetez-vous ? Guitou réfléchit
et donne les 2 places à Barre et Collomb et « je propose une
marche à Chabert ! » mais il ajoute que c'est parce
qu'il sait qu'il acceptera. Ah bon, tu nous as fait peur, Guy...
Les
4 que j'aime et admire :
Père
Bernard Devert, fondateur d'Habitat
et Humanisme
Claudia
Staviski, co-directrice du Théâtre des Célestins
Sonny
Anderson, footballeur Olympique Lyonnais
Michèle
Daclin, présidente d'Aralis
Les
4 choses que je déteste
la
bêtise
l'intolérance
les
sonneries de téléphone portable
l'image
négative que la France peut avoir à l'étranger
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