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27 mai 2002

 

L'affaire Dreyfus.com ne faillit pas...

 

 

 

 

 

 









De notre correspondant Mehdi

 

Alexandre Dreyfus, jeune premier adulé par l'ensemble des médias en 2000, s'est fait discret en 2002 pour se consacrer à son bébé on line, Webcity. Et pour cause la start-up lyonnaise valorisée en 2001 à des sommes indécentes lors de  l'entrée de Carrefour dans son capital, n'a de cesse d'être déficitaire depuis sa création il y a 5 ans et ne doit sa survie qu'à l'imagination de son PDG, résolument décidé à faire grandir sa petite entreprise. Des premiers pas sur le net aux moments de gloire du « Wild Wild Web »,la city story du site est aussi celui d'un homme. Portrait.

 

Lorsque le jeune « padawan » Dreyfus naît en 1977 à Lyon, rien ne le prédestine à priori au rôle du chef d'entreprise médiatisé qu'il incarne aujourd'hui. Rien, bien que son père, lui-même à la tête d'une compagnie aérienne privée, semble représenter un modèle de travail pour son fiston. La petite histoire raconte que le marmot apprendra à lire, écrire et utiliser un ordinateur en même temps. A 6 ans en effet, il reçoit un préhistorique computer du model « Hector » avec lequel il fera ses premières armes (aussi embryonnaires soient-elles).

 

Dix années plus tard, Alexandre veut quitter l'école, monter son association d'info et travailler dans  le domaine du CD-Rom. Rien n'y fera : ses parents s'opposent à leur ado qui devra attendre pour réaliser ses envies.

 

Durant l'année 1994, Alexandre Dreyfus lance son premier serveur télématique avec un ami graphiste : Mediartis qui servira une centaine de connectés. Le contenu : horaires de ciné, infos locales et forum ouvert - de là le « city-guide » fait sa première apparition discrète dans le paysage électronique.

 

En octobre 95, Alexandre rencontre Raphaël Boukris lors de l'inauguration du Connectik Café, avec qui il créera 5 mois plus tard une société de création de site internet, du nom de Mediartis (évidemment),  dans laquelle Alexandre gardera des parts jusqu'à son rachat par le groupe Publicis. Il refuse de passer son bac en 96, et la direction de son lycée lira la juste prétention du jeune freluquet dans son courrier de départ : « Ce n'est pas en ayant peur du bac mais en tant qu'entrepreneur » qu'il quitte sereinement le cocon de l'éducation.

 

Début 1997, il lance Cybergone, site de proximité, qui marque alors le début des city guides. Fin 97, il quitte l'équipe de Mediartis pour se consacrer à Cybergone (en gardant 20% de la Web agency).

 

Il déclare avoir investi 35 000 F prêtés par ses proches, et un apport de 15 000 F, valeur de son ordinateur dans la SARL Dreyfus. Il rejette donc son étiquette de « fils à papa » devant tout à sa famille, néanmoins ce sont les seuls chiffres qui nous seront communiqués. L'année est prolifique pour la petite affaire. Accompagné d'un journaliste et d'un technicien à mi-temps, Cybergone devient Cyberchti à Lille et Cybertminot à Marseille.

 

Premier coup de force du désormais loup du net, les trois sites deviennent Webcity - une marque - démarche marketing qui s'accompagne d'une levée de fond de 12 millions de francs qui font entrer Dassault Développement et Auriga dans le capital de la start-up à hauteur de 40%. La même année, un paysagiste lyonnais entre dans le capital à hauteur de 10%.

 

La pérennité financière de la société permet alors l'expansion du désormais produit « Webcity ». L'été 99 compte 10 salariés sur 5 villes de l'hexagone et en moins de 8 mois ce seront 50 salariés qui se partageront 37 villes françaises. L'explosion du net amène avec elle une armada d'une dizaine de concurrents à la société qui malgré sa place de leader n'arrive pas à dégager de CA suffisant pour ne pas être déficitaire.

 

Webcity tente alors l'expérience de l'étranger en Belgique, Suisse et Angleterre qui ne perdurera pas longtemps. La crise du Nasdaq balaye le marché de l'Internet, et l'entreprise va alors mal : « J'ai eu peur malgré l'assainissement du marché ». Alexandre décide de revendre les parts de la société prises début 99 dans le projet « Comclick ». 30 000 F investis lui font gagner près de 12 millions de francs, ce qui sauve la société en septembre 2000.

 

Comme un bonheur n'arrive jamais seul, le groupe Carrefour s'intéresse à Webcity pour développer son pôle Internet : c'est le début de la belle affaire... De source formelle, Carrefour investit dans 20% du capital de Webcity, espérant adapter son e-commerce de proximité au serveur d'Alexandre Dreyfus. La levée de fond bien évidemment non communiquée mais probablement de plusieurs millions de francs aurait alors valorisé la société à près d'une centaine de millions de francs. Alexandre ne perdra pas toutefois les pédales, son entreprise n'ayant pas atteint son point d'équilibre. Une année de partenariat va toutefois se conclure lorsque Carrefour annonce retirer ses billes du marché de l'internet.

 

Au terme de 4 mois de négo, Alexandre obtient le rachat de l'intégralité des parts de son bébé pour une bouchée de pain. On parle aussi de 10 millions de francs d'apports supplémentaires de Carrefour pour son départ, information de couloir qui semble peu probable...

 

Ce qui est sûr, c'est qu'après cette judicieuse opération, Webcity se met à l'ombre des ennuis et détient alors assez de cash pour maintenir l'entreprise en vie quelques temps. Une fois de plus, le chef de meute aura sauvé ses petits.

 

Le 23 avril dernier, un accord de partenariat avec NRJ met à dispo les 300 commerciaux du Network pour la vente des espaces publicitaires des sites de chaque ville. Tout rentre dans l'ordre pour l'entreprise qui prévoit de ne plus enregistrer de pertes l'an prochain (ils disent tous ça). Alexandre mène donc sa barque avec son équipe constituée de 38 personnes pour 8 bureaux dans 37 villes relais et bientôt dans 75 villes au total .

 

Fort de son métier « passion », Alexandre Dreyfus est à 24 ans un habile financier doublé d'un réel talent d'entrepreneur. Sa jeunesse et son allure décontractée (négligée ?) deviennent même une arme : « J'ai été naïf ou alors j'ai bien fait semblant ! ».
 


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