Noël aux Halles
De notre correspondant Alexandre Mathieu
Après trente années d'activité et un projet de délocalisation avorté,
ce lieu est devenu la référence absolue de la lyonnaiserie : à la
gastronomie se mêlent les mondanités, à l'anonyme le notable et au client
le curieux.
Si tant de personnes viennent s approvisionner aux Halles, ce sont bien
sur pour les produits que l'on y trouve : fromages, saucissons, épices,
fruits de mer, vins, tout ici est le fruit d'un travail artisanal et
passionné, hérité de la plus pure tradition lyonnaise. Cependant,
l'attrait de l'endroit provient également des gens qui le peuplent. Dès
l'aurore, vous pourrez croiser tantôt un des nombreux cuisiniers de la
ville venu faire son marché, tantôt quelque noctambules en fin de
parcours, comme Rémi Joffre du 21, pour ne citer que lui...
Ici, les commerçants sont devenus des personnalités emblématiques de la
ville, et certaines maisons ont acquis une respectabilité digne d'un
notaire ! Qu'on ne vienne pas nous dire que les lyonnais sont sexistes :
plusieurs figures mythiques sont des femmes ! En commençant par la « Mère
Richard », Renée et Renée, mère et fille, où l'on se presse
pour acheter son fromage, à l'instar des grands chefs de la ville, dont
Paul Bocuse himself. Toujours dans le fromage, mais aussi dans la
catégorie traiteur, la maison Cellérier fait office de modèle. Le chef de
famille, Alain Cellérier est d'ailleurs président de l'association
des commerçants. Grosse responsabilité, surtout quand on a des forts
caractères à gérer !
Ce n'est heureusement pas le cas de Maurice Trolliet, boucher des
plus grands restaurateurs de Collonges à Charbonnières, qui est comme
chacun le sait, doux comme un agneau... Et pour finir, les fruits de mer.
Claude Rolle se fera un plaisir de vous raconter ses poissons dont la
qualité et la saveur sont réputés. La maison Pupier mettra aussi
tout en uvre pour parfumer votre table de fête d'embruns de toutes les
mers. Si vos goûts se portent plus vers les produits de luxe, allez chez
Petrossian, dont le caviar iranien est à se damner. Pour déguster
sur place, faites un petit tour par la maison Rousseau. Jean-Louis
Lemmens y accueille toute la ville autour de ses comptoirs que ce soit
pour l'apéro ou le déjeuner! Un petit blanc par ci, une petite douzaine
d'huître par là, rien de tel pour bien démarrer la journée (à 11h...).
Plus habitué à la place du pond qu'au cours Lafayette, Bahadourian
et ses épices toutes plus colorées et parfumées les unes que les autres
n'a pas tardé à se faire une place au soleil (c'est à dire sous les néons)
des Halles. A noter l'arrivée d'un nouveau venu : « la maison des
truffes » pour finir ce tour de table en beauté ! Enfin, pour faire
glisser tout ça, rien de tel qu'un passage par le comptoir de Maréchal,
histoire de regarnir caves et celliers. Et si vous n'avez pas le courage
d'attendre, faites une pause mac(h)on au Fer à cheval et Chez
Jacky... Avec modération of course !
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