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09 février 2004

 

OCD, la méthode américaine !
 


Lionel Pons (salon Mahana) et l'équipe O'cd : Philippe Bleicher,

Alexis Martinez, Félix Boisson de Chazournes

 

De notre correspondant Jean Jacques Doré

 

Avec un nom pareil, rien ne prédestinait Félix Boisson de Chazournes, fils de bonne famille à s'investir dans le marché de produits culturels d'occasion. Inspirées par les méthodes de marketing et de management américaines, il se retrouve aujourd'hui à la tête d'OCD, un réseau de 17 boutiques de disques.

 

Après avoir vécu une jeunesse lyonnaise plutôt rangée en recevant de ses aïeux les préceptes du savoir vivre, Felix passa quelques années sur les bancs de la Doua à étudier la comptabilité. Attiré depuis toujours par les charmes de l'oncle Sam, on lui proposa à sa sortie de la faculté de s'installer aux Etats Unis pour participer à l'installation des boulangeries Paul. Ce dernier ne tomba même pas dans le piège du hamburger puisqu'il se nourrissait exclusivement des viennoiseries fabriquées par son employeur. Cette expérience de dix ans fût très enrichissante car il se retrouva en complète adéquation avec les méthodes US. Il se rendit compte que nos voisins d'outre-Atlantique cultivaient une véritable culture de l'occasion et ne ressentaient aucune honte à revendre des objets ne leur servant plus. Le déclic fut immédiat pour ce passionné du courant New-wave en constatant que les prix du disque augmentaient de manière exponentielle et que certains albums pouvaient lasser très rapidement. Il ne lui restait plus qu'à habituer la clientèle française à ce nouveau type de magasins.

 

Jusqu'à présent, dans son secteur, il y avait à boire et à manger. Félix va aseptiser et formater l'activité : finis les tee-shirt sales arborant des têtes de mort qui pendent dans la vitrine et les disques mal rangés ! Place aux boutiques super propres comme chez les leaders du neuf ! Ainsi, il décida d'implanter sa première échoppe au cœur du quartier latin, à deux pas de la Sorbonne pour toucher une clientèle étudiante à forte majorité étrangère et par conséquent peu réfractaire à ces nouveaux comportements de consommation. Le concept remporta très rapidement un immense succès ce qui lui permit d'en installer une autre dans sa ville natale à deux pas des Terreaux, rue Paul Chenavard. Aujourd'hui, le groupe qui compte plus de 17 boutiques - dont la dernière en date vient d'ouvrir à Lyon, rue Victor Hugo - a réalisé en 2003 plus de 8.5 millions € de CA (soit un accroissement de 15% par rapport à l'exercice précédent). Félix surfe sans vergogne sur les crises économiques toujours favorables au monde de l'occasion. En effet, les consommateurs ont besoin de cash et revendent plus facilement.

 

Mais O'CD c'est avant tout une véritable culture d'entreprise à l'américaine bien que son créateur s'en défende. Ses boutiques s'appellent « maison » et ses employés deviennent « ses associés ». « Je tiens cette culture de mon éducation assez traditionaliste où l'on m'a inculqué les valeurs de respect. Mais j'aime beaucoup rire de moi ce que j'essaie de partager avec mes associés et mes clients » sourit-il. Cette autodérision constitue même la vitrine de ses boutiques puisque les clients qui désirent écouter un disque avant de l'acheter se retrouvent, dans la devanture du magasin, affublés d'un casque ridicule dont la décoration varie selon la saison (des cœurs et des anges pour la Saint Valentin ou des œufs pour Pâques.

 

L'homme ne s'est encore pas transformé en requin des affaires, même si il s'est installé à Paris avec femme et enfants pour pouvoir mieux gérer son réseau de magasins. Il préserve encore quelques instants pour se consacrer à sa passion - la musique - et prendre le temps d'écouter le dernier Coldplay ou d'essayer de se convertir au Hip-hop ! Lorsque l'on arbore comme devise l'ouverture d'esprit, il faut être prêt à quelques sacrifices !
 


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