Arthus Bertrand : l'argent du Rhône
tombé du ciel
De
notre correspondant Julien
Après le
succès colossal de « la terre vue du ciel »,
Yann
Arthus-Bertrand signe une série de photos
pour la promotion de la région lyonnaise. Une
idée du Comité Départementale du Tourisme du
Rhône et une nouvelle rente pour le photographe
en vogue ! Lyonpeople vous emmène faire
une ballade en hélico (aux frais du
contribuable) !
Yann Arthus-Bertrand n'est plus à présenter. Ce photographe
de renom est désormais une véritable marque
commerciale. On ne compte plus les livres édités
par le numéro 1 du business photographique. Une
passion qui naît dans le cadre d'une
illustration de thèse sur les lions du Kenya.
L'appareil photo lui apparut alors comme un
formidable outil de communication artistique. Il
enchaîne les prises de vue sur les chats, les
chiens... ce qui le rapproche de Michel
Drucker. Yann s'attaqua ensuite aux
pays, aux hommes et au sport, en résumé tout
ce qui peut drainer un large public.
Notre
homme loue ses services aux plus grands noms de
l'édition : Paris Match, Le Figaro Magazine,
Géo, National Géographic.
Il crée l'agence Altitude
qui constitue sa banque d'images. Ses fameuses
prises de vue aériennes constituent un filon
encore vierge. Il s'empare du créneau en 1991
et monte le projet « La Terre vue du ciel »
sous le financement et le patronage de l'UNESCO
en 1995. Cet ouvrage sortit à l'aube de
l'an 2000 pour les fêtes de Noël. Le coup de
marketing, parfaitement orchestré, est une réussite.
Son
ego constitue le reflet de son compte en banque :
démesuré et exponentiel. L'argent après
lequel il court ne se prête pas à la palabre :
il demeure indécent de parler d'argent avec
ce businessman de la photo. S'il évite ce
sulfureux sujet, il ne manque pas une émission
de télévision pour faire sa promo. Comme par
hasard, Yann vient de sortir « New-York
vu d'en haut », un futur best-seller
qui sera peut être suivi de « Kaboul
vu d'en haut, avant et après ». Les
nostalgiques des Twin Towers pourront se délecter
de la sortie opportune de cet ouvrage...
Mais
revenons-en à Lyon : Les 300 photos prises
de son hélicoptère en une journée et demi
ont, tout de même, été facturées prés de
410 000 F au Comité Départemental du Tourisme du Rhône.
Son directeur
François
Baraduc (ci-contre) se félicite des très
beaux résultats d'Arthus-Bertrand et pense
faire appel à lui pour produire un fond
iconographique du Rhône au printemps 2002. Le
comité est encore en négociation sur les
droits artistiques, une affaire Buren
bis causerait du tort à l'exploitation
commerciale sous forme de cartes postales,
posters... Il paraît ainsi étonnant de faire
une commande de 410 000 F en omettant de négocier
les droits.
Mais
l'affaire ne s'arrête pas là : les
vues lyonnaises trouveraient leur place dans un
nouvel ouvrage intitulé... « La
France vue du ciel ». La somme engagée
par le CDT
a tous les airs d'une coquette subvention pour
cette nouvelle opération commerciale.
Combien
de départements ont-ils été démarchés par
l'homme d'affaire ? Le filon semble
extrêmement juteux avec de colossales marges
acceptées par tous. Une conception de la
photo-business vertement critiquée par certains
professionnels. L'éditeur Alain
Scheibli (ci-contre) - qui n'est pas un pro de la
langue de bois - n'y va pas par quatre chemins :
« Arthus
Bertrand, c'est de la soupe ! »
nous déclarait-il récemment ! (voir interview)
Insensible
aux critiques, le père Arthus poursuit ses pérégrinations
héliportées. Elles l'ont conduites au Cap
d'Agde où Yann a réalisé le calendrier 2001
de la Fédération
Française du Naturisme... Tout est bon à
prendre !
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