Les humeurs de
Justin Calixte
Chronique satirique du
18 juin 2007
INFO OU INTOX
Décidément mes amis journalistes n'aiment pas notre
président de la République. Avant les élections, les esprits libres qui
officient dans les médias avaient tenté de le faire passer pour un facho.
C'est un vieux truc de la « sainte gauche » qui on le sait est toujours
irréprochable, de présenter ses adversaires intouchables comme de futurs
dictateurs ; Mitterrand, Guy Mollet et autres beaux esprits
socialistes avaient fait le même coup avec le général De Gaulle. Ça
avait assez bien marché. Les étudiants qui rêvaient de Castro et
Mao (parmi eux il y avait l'impayable Kouchner et
Cohn-Bendit) n'en finissaient pas de défiler en hurlant «De Gaulle -
facho» et «CRS=SS». On fait toujours dans la nuance à gauche.
Pour Sarko, ça a moins marché. Il faut dire que sa
taille et sa tenue de jogger font moins peur qu'un uniforme de général
porté par un géant. A peine élu le nouveau président passe de
« Sarko-facho» à «Sarko-gigolo » qui, il est vrai, se pavane bêtement au
Fouquet's avant de jouer les yachtmen d'un jour. Auparavant internet avait
tenté de jouer « le grand air de la calomnie » en fabriquant un
« Sarko-macho ». A en croire la rumeur, le gentil Nicolas aurait frappé sa
femme qui aurait déposé une main courante. C'était faux bien sûr, mais ça
a fait un bout de chemin. Aujourd'hui certains sont persuadés que ce coup
d'intox monté, on le sait aujourd'hui, par quelques policiers appartenant
à un syndicat de gauche, est une info camouflée par un pouvoir tout
puissant et une presse aux ordres. Toujours le même refrain.
On nous avait également par la même occasion fait croire
que Cécilia avait quitté le domicile conjugal. La technique est toujours
la même. L'info est donnée avec un sourire mi dubitatif, mi outré par un
Bruce Toussaint inculte (il officie le matin sur Canal) ou
par un Samuel-je-ne-sais trop qui sur I-Télé. L'info lancée est
reprise argent comptant par le zapping toujours sur Canal, puis
amplifiée par les Guignols, suivis par la bande à Ruquier sur le
service public et Europe 1 ou encore par un Morandini sans doute
la personnalité la plus hypocrite de PAF. Il fait de l'audience jour après
jour en se moquant de la Star Ac et des émissions border-line de la télé.
Pas facile de se refaire une virginité ! Bien sûr, tout cela est repris
par internet qui en fait une vérité révélée. Ca ne marche pas toujours
mais ca laisse des traces.
Après « Sarko-facho », « Sarko-macho », « Sarko-gigolo »,
on a eu droit à un « Sarko-megalo ». La on nous a présenté le président
façon « roi nègre » avec cortège époustouflant de grosses limousines et
escouade de gardes du corps. Le commentaire nous expliquait sans rire les
désagréments que cela apportait à la circulation parisienne. De quoi
dédouaner Bertrand Delanoé, la nouvelle idole de nos journalistes
très puissants. Qui sont aussi moutonniers dans l'opprobre que dans la
louange. L'opération a rapidement fait long feu et a été peu reprise.
En revanche gros succès pour « Sarko-alcoolo ». On nous
repasse en boucle des images soit-disant interdites. On y voit le
président essoufflé et vaguement embêté de son retard devant un parterre
de journalistes internationaux. En France, personne n'avait bronché lors
du direct. Il a fallu qu'un petit journaliste belge fasse une boulette en
laissant entendre que Sarko avait dû se laisser aller à boire un coup de
trop pour que la classe médiatique et humoristique saisisse la balle au
bond. Que Sarkozy ne boive pas une goutte d'alcool n'a pas empêché la
rumeur d'enfler.
Gageons que nos journalistes panurgiens ne tarderont pas à
lancer de nouvelles rumeurs. Ils font ça aussi également dans d'autres
domaines. Aussi on nous a fait croire que pendant une journée - chaque
journaliste s'intoxiquant mutuellement - que Barthez partait pour
le Mexique. Le pauvre avait beau démentir, la presse insistait et bien sûr
en profitait pour se moquer de lui. Idem pour Chirac qui devait, à en
croire nos désinformateurs, être convoqué par la justice le 18 juin. Dans
notre époque de faux-semblant, on préfère croire les médias tricheurs que
l'intéressé qui dément dans l'indifférence générale. Dieu merci, voilà une
bonne nouvelle qui montre que la désinformation joue des tours. I télé
qui progressait en audience vient de décrocher brutalement dans les
sondages. Malgré la période propice des élections. Alléluia !
Depuis l'avènement de Sarko 1er, Jack Lang
a totalement disparu des écrans. Vous ne trouvez pas ca étonnant ? Lui qui
ne quittait pas d'une semelle Notre-Dame de Bourdes, lui qui adore les
plateaux de télé. Bizarrement, les journalistes ne se sont pas interrogés
sur cette évaporation incompréhensible de notre dandy fumeux. Sans doute
pensaient-ils comme moi que le beau Jack s'apprête à faire allégeance à
Sarko. Sans doute pensaient-ils, comme Thorez qui préférait mentir aux
ouvriers plutôt que de « désespérer Billancourt », ne pas désespérer les
bobos des pentes de la Croix-rousse, les tribus primesautières du Marais
ou encore les marins pêcheurs du Pas de Calais. On se croyait débarrassé
de ce trissotin ambigu, fournisseur attitré d'art officiel et décadent. Il
est à craindre de le voir se réintroduire (si j'ose dire) dans la mouvance
politico-culturelle. Mais que vont pouvoir dire mes amis journalistes
partagés entre la fidélité à leur icône et leur haine de Sarko.
Décidément, journaliste est un métier difficile.
Preuve en est leur silence complice sur la séparation du
couple Hollande-Royal alors que tout le monde savait que les deux
rivaux ne faisaient plus chambre commune depuis longtemps. On préférait
supputer sur les malheurs du couple Sarkozy. Histoire de nuire ! Ces mêmes
journalistes avaient pronostiqué un tsunami bleu. Histoire de faire peur
(ça a marché) et de présenter la future défaite de la gauche comme une
presque victoire. Mission réussie car la soirée électorale valait la peine
d'être vue. On a fêté la victoire pour la gauche par 230 élus contre 340.
Hourrah ! La gauche rayonnait,les journalistes jubilaient, la droite était
déconfite. Elle se consolera en continuant de gouverner les doigts dans
le nez. Plus on perd chez les socialistes, plus Ségolène croit qu'elle
gagne. On frise la pathologie.
Parmi les bonnes nouvelles de la soirée :les défaites de Carignon
et Chabert. Les Français auraient ils décidé de se débarrasser des
élus qui ont fauté ? Ce serait une bonne nouvelle. Et nous serions
débarrassés définitivement de l'idée d'un éventuel retour de Michel
Noir. Vous dire que je suis triste de la défaite de Hamelin
fils qui ne vaut pas son papa et de Dubernard serait très exagéré.
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justin@lyonpeople.com
à
suivre, Chronique satirique du 11 juin 2007
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