Les humeurs de Justin
Calixte
Chronique satirique du 27 mars 2006
Révélations tardives
« Attention ! »
Ne cesse-t-on de me prévenir. « Attention de ne pas trop critiquer nos
dirigeants politiques. En laissant entendre qu'ils sont tous pourris, vous
faites le jeu des extrêmes ». Moi je voudrais bien, mais il faudrait
que nos élites y mettent un peu du leur. Tout le monde sait que nos édiles
sont prêts à tout pour être élus et prêts à pire pour sauver leur souvent
ridicule pouvoir et surtout leurs privilèges. Tout le monde sait bien que
les moins malhonnêtes n'hésitent pas à couvrir les turpitudes et
malversations de leurs amis politiques cupides et corrompus ; tout le
monde sait bien que tous ces gens se détestent cordialement et ne cessent
de se critiquer mutuellement. Mais seulement en privé « C'est off, bien
entendu », vous précisent-ils. Tout le monde ou presque sait la vraie
nature de nos politiques, de leurs ambitions, de leurs relations ; il est
pourtant recommandé de ne rien dire.
La lecture des
derniers bouquins de Christophe Barbier « Les derniers mois de
Mitterand » et de F.O Giesbert
« La Tragédie du Président » confirment à l'évidence que nos hommes et
femmes politiques ne méritent pas qu'on se dérange les jours d'élections.
Ils ne valent pas d'avantage qu'on se batte pour les défendre ou les
soutenir. Pour Giesbert qui les connaît mieux que personne, ce sont tous
de grands malades, tricheurs, amoraux, obsédés sexuels, égocentriques,
cyniques, cupides... Moi qui ne connais que nos Lyonnais, je confirme, sauf
que les nôtres sont pour la plupart d'une médiocrité et d'une dimension
affligeantes. On me dira que ces tares sont nécessaires pour réussir en
politique. Celui qui ne les possède pas devra les acquérir ou se passer de
faire de la politique. C'est vrai. Mais ces tares deviennent
insupportables (elles se nourrissent de la jouissance du pouvoir)
lorsqu'il y a cumul de mandats. Elles s'exacerbent lorsque ce pouvoir est
conservé trop longtemps. Pourquoi ne pas obliger Sego et Sarko,
les seuls capables de faire bouger les lignes, à glisser dans leur
programme un engagement à limiter le cumul et la reconduction des mandats
électifs. Nos élus auraient sans doute les mêmes défauts (encore que, le
fait de ne pas faire carrière devrait en corriger certains) mais au moins
ne courerait on plus le risque de les voir se transformer en rois
ubuesques.
Il serait bien aussi
que les Christophe Barbier et F.O Giesbert (pour Alain Duhamel il
n'y a malheureusement rien à espérer), n'attendent pas que nos racailles
princières soient en fin de course ou enterrées pour nous révéler leur
véritable personnalité et accessoirement leurs turpitudes. Pas chiche !
Petit message personnel
Bravo à Jacques
Simonet qui vient de sortir son neuf-cent-et-unième numéro d'Intermédia.
Bravo pour cette longévité. Tenir aussi longtemps en ne publiant que des
brèves sans grand intérêt, des « digests » de communiqués de presse
envoyés par les agences de pub ou encore les allers et venues de
publicitaires de troisième zone constituent une sacrée performance.
Heureusement ses bloc-notes à l'humour décapant et remarquablement écrits
justifient à eux seuls l'abonnement.
Deuxième message personnel
Voilà Philippe Chaslot revenu chez Lyon Capitale : il y
signe un petit billet d'humeur. Extrait : « Florence Aubenas
(interrogée dans le cadre de l'affaire d'Outreau), explique
la complexité du travail journalistique que notamment que notamment
quand on veut respecter la présomption d'innocence » Tu l'as dit,
bouffon ! Espérons qu'à l'avenir, tu sauras la respecter mieux que par le
passé. Quelle révélation, en effet pour notre pauvre Chaslot qui sans
doute ne savait pas jusqu'à ce jour que la présomption d'innocence devait
être prise en compte également par les journalistes fussent-ils jadis
architectes. Personne n'avait dû prévenir notre pauvre ignorant des
conséquences de ses réquisitoires ad hominem.
à
suivre, Chronique satirique du 20 mars 2006
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