Les
médias lyonnais
Olivier Vassé - Lyon Mag' du mois d' avril 2002
La grande bataille des gratuits
Le quotidien gratuit Metro a débarqué à Lyon le 15 mars dernier. Il
devrait être bientôt suivi par un deuxième quotidien gratuit, 20 minutes,
qui officiellement annoncé son arrivée. Alors qu'on parle d'un troisième
projet de la Comareg, le groupe qui édite l'hebdomadaire d'annonces le 69
et qui s'apprêterait à lancer un « A nous Lyon ». Le Progrès aurait lui
aussi son projet de quotidien gratuit destiné à contrer ces agressions qui
risquent de déstabiliser ce quotidien dont la diffusion est en baisse
constante dans l'agglomération lyonnaise. Un véritable printemps pour la
presse lyonnaise. Mais un printemps qui va sans doute faire quelques
dégâts.
(...) Officiellement, pas de réaction au Progrès, qui bien entendu
n'évoquera pas dans ses colonnes l'arrivée de ce gratuit. En revanche,
l'hebdomadaire Lyon Capitale qui appartient au Progrès se
chargera de dénoncer, au nom de « la presse de qualité », ce
Metro conçu à partir « de dépêche d'agence mises bout à bout ».
Oubliant au passage que toute la presse quotidienne régionale fait la même
chose, Progrès compris. Interrogé par Lyon Mag', le patron
du progrès, Michel Nozière, explique : « Nous ne sommes pas
inquiets car Metro ne joue pas la carte de l'info locale et vise surtout
une clientèle de jeunes qui ne lisent pas la presse quotidienne régionale.
Le seul problème, c'est que le marché publicitaire n'est pas extensible... »
La pub, c'est bien
entendu le problème numéro 2 du Progrès. Pas le contenu
rédactionnel. Pourtant, le Progrès perd régulièrement des lecteurs
dans l'agglomération lyonnaise où il vend aujourd'hui moins de 25 000
exemplaires par jours sur Lyon et Villeurbanne (hors abonnement). Ce qui
tôt ou tard, devrait avoir des conséquences sur son chiffre d'affaires
publicitaire.
(...) En revanche,
Patrick Deschamps, le propriétaire de Lyon Poche qui a lancé
début mars un quotidien payant, baptisé Métro Lyon, a l'air très
inquiet de ce concurrent homonyme. Alors que les ventes de ce quotidien
qui vise un public très populaire plafonnent en dessous des 2 000
exemplaires, Deschamps aurait tenté d'approcher le groupe suédois pour lui
proposer une entente. Refus des suédois qui estiment que leur concept n'a
rien à voir avec le quotidien lancé par Lyon Poche. Du coup,
Deschamps a décidé d'attaquer en référé les suédois devant le tribunal de
Lyon pour « contrefaçon » et « concurrence déloyale ». En
invoquant son antériorité dans l'utilisation du titre Metro. Quatre
jours plus tard, le tribunal déclarait la demande de Métro-Lyon
« irrecevable » en soulignant que ce groupe de presse gratuit exploitait
ce titre depuis mai 1994.
Le groupe suédois
semble donc bien décidé à renforcer son implantation à Lyon en ajoutant
chaque jour deux pages d'infos lyonnaises et en montant sa diffusion à 100
000 journaux distribués. Pour cela, Metro est en train de recruter
une équipe de journalistes et de commerciaux. « Nous voulons être
reconnus le plus vite possible par les lyonnais. Car il y a un avantage au
premier qui se lance, d'autant plus qu'à mon avis, il n'y a pas à Lyon la
place pour deux quotidiens gratuits » affirme Philippe Carlhammar,
qui vise l'équilibre financier « entre la deuxième et la troisième
année ».
La patron de
Metro France ne se fait pas d'illusions : la bataille risque d'être
dure à Lyon où plusieurs projets sont déjà en préparation. Francis
Jaluzot, le patron de 20 minutes, a déjà expliqué en mars dans
un interview à Lyon Mag' qu'il était décidé à s'implanter à Lyon.
Quand ? Le secret est bien gardé. Mais certains estiment que le groupe
norvégien pourrait se lancer d'ici l'été.
La surprise est
venue de la Comareg, le groupe de presse gratuite, qui appartient à
Vivendi Universal et qui édite à Lyon le 69, le fameux hebdo
d'annonces qui rafle chaque semaine pas moins de 300 000 euros de pub.
L'arrivée des quotidiens gratuits à Lyon inquiète les dirigeants de ce
groupe qui, en prévision de cette invasion nordique, avaient lancé en mai
1999 un hebdo gratuit diffusé à 400 000 exemplaires dans le métro
parisien. Un hebdo culture-loisir ciblé sur les jeunes dont le concept
pourrait être dupliqué à Lyon. Certains annoncent même que cet hebdo
pourrait être transformé en quotidien. L'objectif étant de contrer les
quotidiens gratuits sur le marché publicitaire. (...)
Le chiffre
d'affaires publicitaire de la presse gratuite est de 20,8 M (137 MF) dont
14,6 M (96 MF) pour le 69 édité par la Comareg 5,5 M (36 MF) pour Top
Affaires publié par Spir et 840 000 (5,5 MF) pour Logic Immo également
édité par Spir.
A
suivre, TLM en forte progression...
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