Par Marc Polisson
La visite lyonnaise
de Nicolas Sarkozy a été amputée d'un tiers après le refus
d'obstacle du candidat de l'UMP. Partisans et adversaires ont été
profondément déçus. Mais sur le terrain de l'image, ce sont ces derniers
qui l'on emporté.
« On a gagné ! On a gagné ! » Jeudi 5 avril, vers 14h30, la place
de la Croix-Rousse a des relents de stade de foot à la fin d'un derby OL
ASSE inhabituellement remporté par les Stéphanois. Dans le rôle des verts,
une petite centaine de pentus chevelus et crasseux accompagnés d'individus
douteux. Ça sent le pack de bière, le chichon et le Kiravi. Dans le rôle
des Olympiens (typés Club des Cent), une cinquantaine de supporters UMP,
plutôt BC BG regroupés devant la pâtisserie Bouillet, but de la
visite de Sarko. Ils vont déguster. Pendant 90 minutes, les deux camps
multiplient les invectives et les slogans. « Sarko, t'es foutu les
canuts sont dans la rue ! » contre « Nicolas, président ! » Le
rapport de forces est incontestablement en faveur des gauchistes dont la
domination s'accroit chaque minute. « C'est normal, ils ne travaillent
pas ! » dodeline un homme d'une cinquantaine d'années visiblement
stressé. L'ancien ministre de l'Intérieur est attendu à 15h50. Mouvements
de foule, déploiement de CRS... les minutes s'écoulent dans la tension. « Son
avion a du retard ! » explique enfin son attachée de presse en
léopard. La visite est déprogrammée. Fin de la partie : les anti-Sarko et
leur crieur public (sans uniforme) crient victoire : « Il a eu peur et
ne viendra pas ! » Le député de la circonscription fait les cent pas.
Emmanuel Hamelin est visiblement déçu mais fait contre mauvaise
fortune bon cur. Comprenant que son candidat ait préféré annuler une
visite négative en termes de retour image et sons. La reculade sarkozyste
fera malgré tout les gros titres des radios et télévisions, ces dernières
n'hésitant pas à faire le parallèle avec le déplacement osé de
Jean-Marie Le Pen à Argenteuil... Une affaire qui fait la joie de ses
adversaires socialistes : « Lyon, encore un territoire perdu pour la
République de Nicolas Sarkozy ? Nous savions déjà que Nicolas Sarkozy
était interdit de séjour dans la plupart des quartiers populaires de notre
pays. Cette situation inédite pour un ancien Ministre de l'Intérieur est
la juste rançon de la brutalité et de l'irrespect témoignés à maintes
reprises à l'égard de millions de nos concitoyens injuriés, méprisés et
humiliés. » a déclaré Najat Vallaud Belkacem, porte parole de
Ségolène Royal, dans un communiqué.
|