Les
humeurs de Toussaint Pothin
Le
boc-net du lundi 11 mars 2002
On
n'a pas tous les jours 20 ans.
Heureusement
!
Chacun
a pu le constater, je n'ai pas la moindre estime pour l'immense majorité
de la presse lyonnaise. Les révélations faites par Pierre Botton sur
Pierrick Eberhard, du Progrès je le prenais plutôt
pour un type bien - confortent mon opinion sur ces drôles d'oiseaux à
plumes. Il en existe pourtant deux ou trois à qui j'accorde quelque
crédit, notamment ceux qui, comme Brunet-Lecomte ou Angel
(pourtant confrères ennemis) ne se sont pas couchés sous l'ère Noir
- Botton - Sarocca.
Gérard
Angel, qui s'est fait
bien discret dans un Progrès qui lui a préféré Gérald Prévost
(cherchez l'erreur), est encore l'intervieweur patenté de Radio Scoop,
et bénéficie toujours de mon indulgence. Même si notre journaliste est
actionnaire d'un restaurant installé dans le Parc de Lacroix-Laval, à côté
du Musée de la Poupée. Sans doute parce qu'en lui sommeille une Angèle
qui rêve de figurer au firmament des "Co-Mères lyonnaises", et
parce qu'il a besoin d'arrondir ses fins de mois.
Toujours
est-il qu'en ces temps où les étoiles du Michelin apparaissent ou
disparaissent sous l'il gourmand des médias, Gérard Angel ne pouvait
pas faire moins que d'inviter à son émission, un chef concerné par
l'astronomie gastronomique. Pas question de faire venir ses amis Jacotte
Brazier ou Chavent (on l'aurait accusé de copinage - ce qui
n'est pas son genre), ni les nouveaux promus. On l'aurait accusé de leur
faire de la pub et de voler au secours de la victoire. Qui croyez-vous
qu'il invitât ? Gagné ! Le chef de son propre resto qui, lui au moins,
est neutre, puisqu'il n'a aucune étoile. L'auto-interview ne manquait pas
de saveur pour ceux qui savent ce qu'il faut penser de l'éthique en matière
journalistique.
Je
parlais l'autre soir de ce que l'on pourrait appeler le "mélange des
genres" à l'un de ses fidèles défenseurs, publicitaire sur le
retour et par ailleurs grand amateur de calembours. Après avoir, tant
bien que mal, défendu Gérard, il se risqua dans une explication qui en
vaut une autre : "Le journalisme, c'est comme la soupe,
affirmait-il, tu prends l'info, tu la mijotes, tu la présentes à ta
façon et tu la sers tiédasse. L'auditeur (ou le lecteur) qui la
croit, l'avale." (Lacroix-Laval, pour ceux qui n'auraient pas
compris).
Voilà
qui expliquerait peut-être le méchant surnom de « Radio-Soupe »,
jadis donné à Radio Scoop par les journalistes de Lyon Libé,
et ce n'est pas le journaleux, fier de ses 300 mots de vocabulaire, qui
officie dans la tranche info du matin, qui va donner ses lettres de
noblesse à l'info radiophonique sur Scoop.
Toujours
à propos de Scoop : la radio, créée par Daniel Perez et Albert
Artiacco, célèbre cette année ses 20 ans. Pour fêter ça, elle a
mis les petits plats dans les grands ; elle organise un "superconcert"
avec de "superzartistes". On attend en effet du beau
monde, je vous les cite de mémoire : "Cerrone, Eve Angeli, David
Charvet, Pablo Villafranco, Titiyo, Daniel Levy, Ahmed Mouici... et
quelques autres." Super ! vous disais-je. On ne sait pas en
revanche si le spectacle sera présenté par Daniel Perez ou Pascal
Sevran. Allez, on n'a pas tous les jours 20 ans...
Mais
parlons d'autre chose : courageux et même téméraire, le pari
apparemment perdu d'avance - de Patrick Deschamps de lancer un
quotidien à Lyon. Il semble que quelques annonceurs bienveillants
assurent les premiers mois de survie de ce quotidien pour l'instant
insipide. La suite risque d'être laborieuse. A moins que tout cela ne
soit qu'un coup de bluff ("l'échec" de Dimanche à Lyon
- moins de 1.000 exemplaires vendus, à ce qu'on m'a dit dans les dîners
en ville - aurait dû en effet inciter à la prudence).
Patrick
Deschamps (ci-contre), ancien ingénieur commercial, est avant tout un homme de
business. Il a choisi l'univers des médias pour exprimer ses talents,
mais il n'a jamais eu le "goût de la presse". On le sait prévoyant
et grand anticipateur. Comment imaginer une imprudence mal calculée de sa
part ? On peut imaginer en revanche que la marque Métro Lyon,
autrefois hebdomadaire, n'a pas été choisie par hasard. On peut aussi
imaginer que l'arrivée imminente des quotidiens gratuits, édités par le
groupe homonyme Métro, ait poussé notre Citizen Kane local
à marquer son territoire.
Il
lui suffit d'être patient et de tenir en attendant que le groupe Métro
rachète le "toutim". Patrick Deschamps me pardonnera de lui
avoir prêté ces supputations machiavéliques et mercantiles, mais il
sait qu'on ne prête qu'aux riches.
Deux
événements majeurs ont marqué la journée du 7 mars à Lyon : pendant
que Gilles Guyot se faisait remettre la Légion d'Honneur par Raymond
Barre, au grand dam de toutes nos belles consciences, Marc Fraysse,
lui, dédicaçait son livre au titre fleurant bon son Alexandre Dumas : "20
ans, et après ?". C'est Trouxe qui va être jaloux.
Qui
dit qu'il ne se passe rien dans cette ville ?
A
suivre, Le bloc-net du lundi 5 mars 2002
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