Les
humeurs de Toussaint Pothin
Le
bloc-net du lundi 25 mars 2001
Presse
gratuite contre presse vendue
En
matière de cajolerie des médias, l'intègre Tête, qui est à Noir
ce que Houdini était à Houdin, et un fac-similé à un
original, fait feu de tout bois. Ainsi vient-il de monter au créneau pour
vilipender la presse gratuite, au nom de l'Écologie.
Pour
fabriquer tout ce papier, notre bonne pâte rappelle que ça consomme
beaucoup d'arbres. Cet argument, d'une rare pertinence, est-il destiné à
cacher une forêt de non-dits ? On peut le croire quand on lit son deuxième
argument. Il n'hésite pas à se poser en défenseur des Annonceurs qui
payent cher de la pub mal distribuée. On voudrait qu'il soit aussi
vigilant avec les achats d'espaces publicitaires de la Ville.
On
est en droit de se demander si cette défense des Droits de l'Arbre et de
l'Annonceur publicitaire ne dissimule pas un souci de se concilier les
bonnes grâces des médias. Non ! Pas Tête ! Pas lui ! Je
suis bien d'accord avec vous, je disais ça pour rigoler. Ce monsieur est
au-dessus de tout soupçon. En plus, il faut pas déconner, il est procédurier
! Toujours est-il qu'il en appelle au Maire de Lyon afin que celui-ci émette
un veto contre les journaux gratuits. Même lobbying de la part du Progrès
qui, depuis plusieurs mois, fait pression sur le Maire pour conserver son
monopole. Il faudra toute la clairvoyance qu'on lui connaît, doublée
d'un libre-arbitre rare pour que not' bon maire résiste à la tentation
de plaire à not' bonne presse qui n'aime pas qu'on marche sur ses
plates-bandes.
A
propos de la gué-guerre "presse gratuite - presse vendue" :
Si vous n'avez pas entendu Patrick Deschamps outragé, indigné,
s'exprimer au micro d'Europe 1, vous avez raté une occasion de rire.
L'ancien patron de Ciel FM et actuel patron de Lyon Poche et
de Métro Lyon n'a pourtant pas la réputation d'être un gai
luron. Il le fut pourtant en l'occurrence dans son numéro de
pince-sans-rire. Il expliquait les raisons du procès qu'il a engagé
contre le gratuit Métro pour utilisation abusive du titre, puisque
son quotidien à lui s'appelle Métro Lyon. (même si le dépôt de
marque de Métro est bien antérieur à la création de Métro
Lyon et a peut-être donné des idées à Patrick Deschamps).
Un
quotidien sorti bizarrement en catastrophe il y a dix jours
auparavant, c'était un hebdomadaire - juste avant l'arrivée annoncée
du quotidien gratuit fabriqué par le groupe européen Métro. Il
faut également se souvenir que le père Patrick - il y a peu - avait
été l'objet d'un procès émanant du Quotidien du Dimanche,
inquiet de voir débarquer Dimanche à Lyon, édité par Deschamps.
Deschamps était indigné. On pouvait le comprendre. Le Progrès
fut justement débouté. Ce qui n'empêche pas aujourd'hui Deschamps
d'attaquer Métro pour défendre son Métro Lyon. Etonnant !
Non ?
L'image
de l'OL colle à Lyon et inversement. Il n'est qu'à lire le dernier Journal
du Dimanche. Les résultats de l'un pèsent sur l'image de l'autre.
Sera-ce suffisant pour remotiver les Lyonnais dont pas un seul n'est né
à Lyon ? On peut en douter.
"Le
Poulidor du football a atteint son objectif. D'une certaine façon, Lyon,
l'éternel deuxième, a encore une fois gagné son championnat puisqu'il
finira, comme d'habitude, derrière l'équipe sacrée le 4 mai. Deuxième,
c'est sa place, qui exaspère toute la région Rhône-Alpes, résignée et
triste. Méfiance tout de même. Auxerre, avec ses deux matches en retard,
pourrait bien ravir ce strapontin, directement qualificatif pour la Ligue
des champions. Lyon finirait alors deuxième de son championnat des deuxièmes,
ce qui n'est guère glorieux."
La
campagne des Présidentielles sonnera-t-elle le glas des
"publicitaires faiseurs de rois" ? On est en droit de le
souhaiter. Et ce n'est pas Christine Clerc qui me démentira. Elle
écrit ceci : " Savent-ils, ces publicitaires, que les Français
s'inquiètent pour l'avenir de la France ? Sa culture, sa place dans
le monde, l'éducation de ses enfants ? Savent-ils qu'ils attendent qu'on
leur propose des choix - réformer l'Etat, comment ? Imposer l'
"impunité zéro", avec quels moyens ? Augmenter le nombre de
policiers et d'infirmières en réduisant celui de quelle autre catégorie
? Et les candidats, qui s'en remettent à eux ? Ne voient-ils pas à quel
point ils se déprécient, en se montrant incapables de penser par eux-mêmes
- et de dire - ce qui est bon pour la France."
Philippe
Meyer, que j'adore,
traite, dans Le Point, de super tricheurs les Guignols de l'Info,
à propos du sort réservé à Barre et Bayrou, non pas
caricaturés mais dénigrés.
"Ni
l'un ni l'autre n'appartient au sérail des énarques ou à celui des héritiers.
L'un et l'autre ont gouverné leur pré carré avec plus de pragmatisme
que de sectarisme partisan, à l'inverse du RPR et du PS, lesquels préféreraient
un cul-de-jatte de chez eux à un athlète qui n'appartiendrait pas à
leur camp.
Je
n'en conclus pas que Barre et Bayrou ont mené leur barque comme il le
fallait ni où il le fallait. Je me demande seulement si nous sommes définitivement
habitués à une malveillance qui ne traduit rien d'autre chez ceux qui la
pratiquent que la certitude grisante de jouir de leur puissance sans
s'imposer jamais aucune des règles derrière lesquelles ils se protègent."
On pourrait dire la même
chose de certains "gazettiers" lyonnais.
Desproges
disait jadis, en parlant de Minute, hebdo d'Extrême Droite imprimé
sur un mauvais papier, qu'avec lui on avait tout Sartre : des "Mains
sales" jusqu'à "La nausée".
Un
de mes amis universitaires de Lyon 3 et néanmoins non révisionniste,
rajoute qu'il existe à Lyon un "journal" qui fait encore mieux
: en plus des "Mains sales" et de "La nausée",
il ajoute le "Huis clos", tant sa vision est nombriliste
et sectaire.
Ne
comptez pas sur moi pour vous donner le nom du journal ni celui de
l'universitaire.
Pour
finir, cette citation retrouvée de notre ami Denis Troux, alias Aimé
Trouxe, ancien Adjoint à la Culture ; il déclarait il y a peu, à
propos du dernier film de Tavernier :
"En
1940, le monde culturel n'était pas brillant et une bonne partie de la
société était prête à dénoncer l'autre." Oserais-je
ajouter qu'en 2002, il n'y a rien de changé.
A
suivre, Le bloc-net du lundi 18 mars 2002
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