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/ LES INTERROGATOIRES à KGB 


 

 

L'histoire de l'établissement est plutôt amusante !

Ça s'appelait le Café des messageries et c'était un claque. Quand on a signé chez le notaire, c'est incroyable, le propriétaire ou son prête-nom était en taule, il est venu avec les bracelets ! Il y avait le fonds de commerce et au-dessus huit chambres dans 60 m2 ! Vous imaginez ! Il y avait des chambres sans fenêtres et des lits recouverts de toiles cirées. Le taulard m'a fourni l'explication : «On ne s'emmerde pas avec des draps ! Avec une toile cirée, un coup d'éponge et hop ! » (Rires) Bon appétit, messieurs ! La rue Mercière était évitée par les Lyonnais, les gamins avaient interdiction d'y aller. C'était vraiment la 3ème division  réservée à une clientèle bas de gamme ! Au début on a fait ça pour rigoler.

 

Johnny Hallyday, Sting, Daniel Auteuil, Catherine Deneuve, Jean-Jacques Goldman, Richard Berry, Coluche, Miou-Miou, Dire Straits, tous on fait un arrêt au Bistrot pour se ressourcer après promos, concerts, représentation ou tournée...

J'ai toujours eu la franchise de dire qu'ils ne venaient pas pour la réputation gastronomique du lieu mais nous étions les seuls à être ouverts jusqu'à 3h du matin et à faire honnêtement notre métier. Une andouillette était une vraie andouillette, une salade était bien assaisonnée, ce n'était pas surfacturé, et c'est devenu un must grâce à la beauté du lieu, son originalité et le talent d'animateur de Caro. Maintenant, il y a une sacrée concurrence.

 

On raconte que Paul Bocuse est également un fidèle des lieux, plus pour les gazelles qu'on y croisait que pour la cuisine...

Vous lui demanderez ! C'est Paul Bocuse qui s'intéressait aux gazelles ou c'est moi ?

 

Non, Paul Bocuse !

Vous lui demanderez, mais on se voyait le matin aussi pour faire le marché ! On allait boire le café chez Madame Camille, rue Mercière, c'est une très belle histoire... (rires) Pour revenir sur les anecdotes, ils sont tous passés, c'est vrai qu'il y a eu un livre d'or extraordinaire ! Malheureusement, je lance un appel, il n'y a que des photocopies du premier livre d'or car, aussi con que ça puisse paraître, on nous a piqué notre premier livre d'or ! On a eu l'idée, enfin je n'ai rien inventé, de marquer d'une plaque la chaise de toutes ces stars. Tous les soirs à 22h30, on donne un petit coup de sonnette et on tire au sort le nom d'une personnalité. Le monsieur ou la madame assise sur la chaise gagnante se voit offrir une bouteille de champagne Duval Leroy.

 

Après le Bistrot, vous étendez votre domaine avec le bouchon aux vins, le bar du bistrot, l'Italien de Lyon... Chaque ouverture est un nouveau succès !

Vos renseignements ne sont pas tout à fait justes ! Il y a eu le Sunset qui n'a pas été un succès... Nous avons donc eu la chance d'arriver les premiers rue Mercière et après de prendre le voisin de droite, de gauche... J'ai l'impression d'avoir fait des travaux toute ma vie ! On en a fait de partout dans nos commerces, rue Pleney et ensuite rue Mercière. Ça montre certainement un point important de mon caractère. Chaque fois qu'il y a eu l'occasion de se développer, on n'a pas hésité.

 

Pourquoi le Sunset n'a-t-il pas marché ?

C'était peut-être l'affaire de trop... Moi, c'est une affaire que je ne voulais pas. On m'a accordé 5% pour ne pas dire que cette affaire se fasse sans moi, et ces 5% m'ont coûté très cher ! C'est marrant car je ne la sentais pas, je ne la voulais pas. Si vous saviez comme je suis intuitif ! Je n'ai pas besoin de prévisionnel, d'études de marché. La poignée de main pour sentir les gens parfois me suffit !

 

JCC et vous-même êtes les rois de Lyon et vous autorisez toutes les facéties. Des clochards chez Marguin à la jardinerie avariée chez les Evrard, tous les canulars sont permis... Vous êtes vraiment les dignes fils de Paul Bocuse !

Il était parfois avec nous ! (rires) On profite de la vie, on mord dedans à pleines dents tout en étant toujours sérieux au boulot ! Même si je me couchais à 4h du matin, à 7 h, j'étais au marché entrain de vider mes cageots ! Et je faisais la mise en place en cuisine. Sans aucun mérite mais c'est comme ça qu'on m'a élevé et il me semble que c'est comme ça qu'il faut faire. 

 

Sans oublier la façade du restaurant « Le Graton » repeinte en noir et rebaptisée « Pompes funèbres »...

Je vais même vous donner une autre information, on a aussi fait la façade de Nandron! C'était une époque formidable ! (rires)

 

Aujourd'hui on a l'impression que c'est plus triste...
Il reste toujours une ou deux histoires comme ça dans l'année ! Il est vrai qu'à l'époque il n'y avait pas cette pression fiscale, le comptable, les rendez-vous, ça sonne de partout, les fax,... tout ça n'existait pas ! Et du temps de mes parents, ils rigolaient encore plus ! Il y avait de l'argent dans le tiroir-caisse ! Il y avait des clients pour tout le monde, maintenant ce n'est pas la guerre entre nous mais une réelle compétition...

 

Suite de l'interview