Rien ne semblait
pouvoir enrayer l'indéfectible amitié qui vous liait à Jean-Claude. En
1995, c'est le clash. Que s'est-il passé ?
On ne va pas soulever des couvercles où ça ne sent pas
toujours très bon ! On va faire bref, mais c'est vrai qu'avec JCC il y a
eu une complicité extraordinaire, une amitié très profonde, et ça a été le
rêve pendant 20 ans doublé d'une réussite commerciale. Ça lui a servi, ça
m'a servi, on a bâti un truc ensemble... Nous avons brassé beaucoup
d'argent, nous avons beaucoup fait la fête, on partait tous nos week-ends
ensemble, c'était une complicité fantastique. Il faut oublier la 21ème
année où on s'est déchiré... A partir du moment où on ne voit plus les
choses de la même façon, il faut savoir se séparer avec intelligence sans
se faire de reproches et éviter que les avocats s'en mêlent ! La ville,
les ragots nous ont fait beaucoup de mal car on aurait pu trouver un deal.
Je pars toujours du principe qu'il vaut mieux un mauvais accord, qu'un
procès gagné. Malheureusement ça a duré un an, ça a animé les dîners en
ville...
Si Lyonpeople avait existé à l'époque, on aurait fait le feuilleton !
Reconnaissez, Marco, que vous m'avez plusieurs fois
sollicité pour répondre à ces questions avec des détails croustillants et
j'ai toujours refusé ! Ce n'est pas aujourd'hui que je vais vous raconter
les tenants et les aboutissants ! Je vous dis seulement d'essayer d'éviter
d'en arriver aux avocats, ceci justifie cela ! C'est comme un couple qui
veut divorcer à l'amiable, si il y a deux avocats, ils ressortent ennemis
et oublient les câlins, la tendresse,...
Nous sommes preneurs de votre expérience....
Il y a des points de non-retour, des déclarations qui sont
faites et qui font mal, les avocats en rajoutent souvent une couche...
Il faut rappeler que
vous meniez depuis votre mariage deux vies différentes. Vous dans les
couches et Jean-Claude sous les douches... de champagne bien sûr !
Une petite nuance, qui n'est pas mince, on s'est séparé le
1er janvier 1996, l'année 1995 ayant été une année extrêmement
difficile. Hors nous nous sommes vus et rencontrés, Fabienne et moi, en
1985/1986, il y avait 10 ans ! Ce n'est pas son arrivée qui a aggravé les
choses.
Oui, mais au moment où il y a le clash avec votre associé, vous n'aviez
plus du tout la même vie ?
J'ai commencé à développer les Bistrots de Cuisinier en
1989, avec l'ouverture du petit Léon. Puis en 1992, avec l'ouverture du
Bistrot du Palais, et en 1995 de la Maison Villemanzy, où je revois les
inaugurations avec Caro. Deuxième volet de ma réponse, à savoir que je me
suis marié tard après 38 ans de célibat. C'est dur, il faut changer ses
habitudes, fonder une famille. A 40 ans je ne peux plus être du jour et de
la nuit ! Je ne sais pas vous mais moi non ! Le seul qui se levait pour
aller au boulot à 7h du matin c'était moi ! C'est bien beau de faire la
fête jusqu'à 5h du matin !
Pourquoi faites-vous
un blocage quand il vous propose de racheter la rue Mercière où vous ne
mettiez plus les pieds ?
Vous n'aurez pas la réponse car je n'ai pas envie de
rentrer dans ce débat qui ne serait pas très avantageux pour Jean-Claude
Caro. Par respect. Nous avons une clause de confidentialité, qui est
certainement caduque puisqu'il a déclaré des choses complètement
fausses dans l'une de vos interviews ! Voilà c'est fini, on passe à autre
chose !
Mais pourquoi ne voulez-vous pas qu'il rachète la rue Mercière ? Où est le
blocage ? C'est la question que les lyonnais se posent !
(Il se fâche) Oh Fogiel ! Je peux répondre ? Si je
vous réponds la vérité, ça ne serait pas très valorisant pour JCC... Donc
vous n'aurez pas ma réponse !
Nico : Le débat n'est pas clos !
Thierry Lahon : C'est élégant de sa part !
Voilà, j'essaie d'être élégant, merci.
Le divorce est
difficile mais la majorité des clients prend partie pour Caro. « Six mois
après il n'y a plus un client au Bar du Bistrot qui est désormais un bar à
touristes... » nous a raconté votre ex associé.
La totalité ! Une fois de plus et ce n'est pas la première
ni la dernière, c'est une leçon de la vie et il faut savoir s'en servir
pour rebondir, j'en prends note. Ce que je suis tout à fait capable de
comprendre, c'est qu'il y ait besoin d'un animateur, qui boit des coups,
qui fait boire, etc... Moi mon métier, c'est cuisinier. Je ne veux pas aller
à 40 ans animer, et puis j'aurais l'air con, je ne saurais pas le faire...
Je lui demande juste d'analyser, d'apprécier, pas forcément d'applaudir,
quelle fut ma réaction. Le Bouchon aux Vins fut l'une des plus belles
affaires de Lyon, je décide de fermer le Bar du Bistrot où on se faisait
voler et qui arrivait à usure au bout de 12 ans.
C'était la folie ?
Oui, ça a été la folie malgré la concurrence. Mais j'ai
décidé de rester dans ce que je sais faire, mon métier ce n'est pas la
nuit, j'en fais un restaurant... Ca serait à refaire, plus tôt deux fois
qu'une ! Je suis ravi !
Suite de l'interview
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