Les débuts ont donc été
épiques... Comment vous êtes-vous improvisé chef d'entreprise ?
On ne peut pas dire que je sois un chef
d'entreprise ! Je me suis donc retrouvé très vite sur le carreau avec ce
restaurant, avec des pertes colossales dès le départ. Lors de
l'anniversaire de l'un de mes amis intimes, Gilles Demange, le 11 Août
1991, fêté au Cicéron que j'avais racheté, la soirée déborde un
peu... La police débarque, et ayant un peu bu trop d'alcool, je me retrouve
en conflit avec ses représentants que j'agresse ! Je me retrouve en garde
à vue avec une fermeture administrative de mon établissement qui perdait
de l'argent. Donc fermeture pour 3, 4 mois. C'est là, que j'ai pris la
décision de transformer ce restaurant en Salmon Shop.
Comment vous est venue cette idée ?
Je ne peux même pas vous dire... C'est assez intuitif.
J'ai toujours été très amoureux des Etats-Unis pour y avoir voyagé
beaucoup. Je me suis retrouvé à réfléchir sur un mono produit. Je pense
que mes études littéraires m'ont permis de réfléchir à davantage de
marketing plus qu'au concept de restaurant traditionnel. Je n'étais pas
cuisinier, je ne pouvais pas prétendre être un restaurant de chef. J'ai
travaillé sur le marketing, la décoration, c'était une époque où il y
avait le mono produit très ciblé, communication, logo, décor. Mon idée :
proposer du saumon avec des frites. Mac Donald fait de la frite et ça
marche bien. Je me suis dit que j'allais essayer de faire un concept où je
vends du saumon, des frites et de la salade verte ! Je m'étais inspiré de
l'entrecôte/frite, du fish and chips anglais, et là dessus j'ai fait une
combinaison décor canadien avec une cabane en bois à une époque où le
décor minimaliste n'était pas encore là ! Je me suis donc lancé là dedans
avec très peu de moyens. J'ai fait les travaux avec l'architecte Gilles
Imbert un. C'est lui qui m'a aidé à faire ce concept.
Et tout de suite ça cartonne ?
Gros succès ! On a ouvert le 5 février 1992 alors
que j'étais un homme totalement inconnu. Le premier soir, je fais 205
couverts avec 50 places assises. Donc sur le cul ! Dans une rue qui ne
faisait que de la lyonnaiserie à l'époque ! Donc ça a cartonné tout de
suite, un ticket moyen tout à fait abordable, une offre simple : saumon
fumé, tartare de saumon, escalope de saumon, darne de saumon, frite,
salade verte, des desserts à l'américaine : brownies, glace Häagen Dazs
qu'il fallait avoir à l'époque, la Téquila, la Corona. J'ai tout de suite
fait un carton avec ça. C'était une gestion facile et j'avais besoin de
cette gestion facile c'est à dire 2 factures : une facture de frite et une
de saumon.
Depuis cette date, vous
connaissez une véritable success-story dans les restos à concept avec le
Café Leon, Bleu de Toi, Salmon Shop, Lolo Quoi et Gaston... Quel est celui
qui vous tient le plus à cur ?
Je vais vous faire une confidence, je n'ai pas de concept
qui me tienne plus à cur que les autres. On va dire le Salmon Shop
puisque c'est celui qui m'a permis de gagner de l'argent et de continuer
mon métier comme je voulais le continuer. Le Café Leon a été une
expérience merveilleuse...
En 1997, le Café Leon
remporte le « leaders concept » de la restauration en même temps que le
Buddha Bar et le Caro de Lyon ! L'élève plus fort que le maître !
Il ne faut pas tout mélanger non plus ! J'étais quand même
en dessous ! Mais c'est vrai que ça avait plu, mais ce n'était pas les
mêmes investissements, pas les mêmes volumes non plus, c'est vrai que
c'était sympa. On ne va quand même pas comparer le Café Leon au Bouddha
bar à Paris ! J'ai rapidement pris une image d'un mec qui faisait des
concepts et qui réfléchissait là-dessus. Il n'y a donc pas de restaurants
que je préfère de tous ceux que j'ai faits. Tous me plaisent.
Pourquoi votre projet
d'un deuxième Gaston à Gerland dans les anciens locaux de l'usine de
charcuterie Gast a-t-il avorté alors qu'une fête monumentale a eu lieu
lors du lancement du chantier ?
Il n'a pas vraiment avorté. Il s'est trouvé que je voulais
monter Gaston là-bas, et j'avais acheté ce petit immeuble pour ça. Tout
d'un coup s'est libéré le Bistrot Romain rue Mercière, qui avait arrêté
son exploitation et il s'est retrouvé à vendre du jour au lendemain à un
prix que je pouvais moi acquérir. Du coup j'ai donné ma préférence à la
rue Mercière. J'avais fait une énorme inauguration dans le chantier qui
était vachement sympa, les gens en parlent comme d'une soirée délire...
Combien
d'établissements possédez-vous encore à Lyon aujourd'hui ?
A Lyon,
3 : Gaston, Lolo Quoi et Bleu de toi. Les autres sont vendus. Et le
quatrième est celui de Marrakech.
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