Vous avez vendu votre
pépite « Salmon Shop » qui représentait une véritable rente. Combien et
pourquoi ?
Pour acheter un chalet à Megève. À l'époque je l'ai
vendu 4,5 millions de Francs. Par contre, j'avais la très belle
opportunité de m'acheter une vieille ferme à Praz-sur-Arly, un village
juste à côté de Megève.
Vous vouliez faire « la ferme de mon père » avant
Marc Veyrat ?
Non pas du tout. Je le répète même si les gens ne me
croient pas forcément, je suis un petit-fils de paysan, toutes mes
vacances je les ai passé chez eux, à sortir des veaux, à traire les
vaches, à faire les foins,... J'allais souvent à Megève et je suis tombé sur
une ferme magnifique qui me plaisait. J'ai dit « je vends le Salmon Shop
pour m'acheter cette ferme ». Ma seule motivation de vendre ce restaurant
était d'acheter cette ferme.
Vous la possédez toujours ?
Je l'ai revendue entre temps parce que je suis un peu
vagabond. Je suis plus que vagabond ! Je l'ai revendu pour faire d'autres
choses, maintenant je suis au Maroc. On verra où je serai, si Dieu veut,
dans quelques années.
Peut-on dire que vous
êtes plus créatif que gestionnaire ?
Ça c'est clair ! Par contre en ce qui concerne la
gestion, je sais très bien m'entourer. Les chiffres ne m'intéressent pas,
mais je les regarde de près. Je pense maîtriser la comptabilité de mon
métier, je sais lire un bilan, je sais faire de la comptabilité. Par
contre, me mettre à un bureau et travailler des heures sur des chiffres je
ne sais pas faire. Donc je délègue pas mal là-dessus. Je sais ce qu'est
une fiche technique de restauration, je sais ce que c'est de gagner de
l'argent dans la restauration, j'ai appris par l'expérience, par 2 ou 3
carreaux dans la gueule !
Quel chiffre d'affaires
réalise votre holding ?
L'ensemble des trois restaurants, fin
2005 a réalisé 3,8
millions d'euros HT et un résultat qui est de l'ordre de 2,5 %.
« Dès le début de son ascension, il se met très en avant,
sort beaucoup et va se faire des ennemis qu'il gardera longtemps. » raconte un de vos proches. En étiez-vous conscient ?
Conscient de susciter des jalousies et donc inévitablement
des conflits, qui ont été même très graves ? Non, j'ai fait ça sans
conscience du tout. Je suis quelqu'un qui a besoin de se mettre en avant
inévitablement. Mon psychologue est entrain de travailler sur le truc.
Donc de se mettre en avant, d'être aimé, mais de là à déranger mes voisins
et à les rendre jaloux jusqu'à être haineux, je n'en étais en aucun cas
conscient. Faire du bien c'est plus ma vocation que de faire du mal. Mais
j'ai fait du mal...
Concrètement, comment avez-vous fait du mal ?
J'ai fait souffrir des gens, des femmes, sans doute mes
enfants aussi de ne pas m'être occupé d'eux suffisamment. Il y a une chose
certaine c'est que je ne me déculpabilise pas du tout. C'est Platon qui
disait «faire du mal inconsciemment, c'est moins grave que de faire du mal
consciemment ». N'oublions pas que ma mère était assistante sociale et
qu'elle a passé 45 ans à aider des gens dans le milieu ouvrier, que mon
père a toujours, en tant qu'ouvrier ou chef d'entreprise, essayé de faire
évoluer les choses dans le milieu ouvrier et social. Mes parents étaient
dans le social à fond.