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/ LES INTERROGATOIRES SUR LE CARO


15 mai 2006


 

Vous êtes trois à partir dans cette folle aventure. Sylvain Auclair, Caro et vous-même. Comment les tâches étaient-elles réparties ?

Moi je n'étais pas du tout du métier donc j'avais pris Sylvain pour l'organisation, un mec extraordinaire qui s'appelle Fabien et qui est toujours avec moi à La Voile pour le personnel... Jean-Claude m'a mis là-dedans pour amener la clientèle un peu lyonnaise, bourge. Et puis ça a démarré du jour au lendemain. On a eu un architecte de ouf ! Bar à l'envers ! Philippe Avanzi fait maintenant tous les Mac Do au monde ! Le bar à l'envers, c'était en fait une connerie de sa part, il s'était trompé dans les plans. Regarde au VIP à Paris, Jean Roch a fait un bar à l'envers dix ans après.


C'est très rapidement le carton. Le 115 réalise un CA de 22MF en 1998. Une somme colossale... qui vous fait tourner la tête !

Non, 25 MF la première année ! Je n'ai jamais été gestionnaire, ni matérialiste. Je gagnais bien ma vie, c'est vrai.

 

Combien gagniez-vous à cette époque-là ?

Ça ne se dit pas ! Le joker, je le prends à quelle heure ? 20 000 Francs (Rires).

 

Le jeune flambeur que vous êtes roule Porsche et ne se refuse rien. Il est au septième ciel !

Je roulais en Range Rover et en Harley Davidson avant d'avoir le 115. La première année au 115 je roulais en Ford KA ! Et la deuxième année en Porsche... Mais je ne partais jamais en vacances, j'ai donc mis de l'argent dans une Porsche. Je n'aurais pas dû car les gens ont raconté tellement de conneries là dessus. Je l'ai prise en crédit ballon et ça ne coûtait pas plus cher qu'une Mercedes, 500F par mois. Je me suis fait plaisir, mais par contre je devais louer une voiture à côté car ça dérangeait les gens. Je suivais l'exemple du père qui roulait en Porsche à 25 ans, je me suis dit que j'allais faire pareil sauf que j'avais 28 ans à l'époque. 

 

Raconte-nous cette période épique...

C'était la folie pour tout Lyon, pour moi, pour les gens autour. Les gens qui sortent aujourd'hui sur Lyon me disent, comme Fred, le chef de cuisine à l'Ouest : « Dans les 30 dernières années, il n'y a eu qu'un truc et c'était le 115 ». On était le seul concept à Lyon. On a eu le prix du meilleur concept cette année-là. On a reçu tout le monde : les Spice Girls, des acteurs...

 

Vous nous disiez en 2002 que tous les excès étaient permis...

Je m'en souviens de cette interview. Tu m'avais fais boire ce jour-là ? (Rires) Pour tout le monde, que ce soit pour les clients ou pour nous, on se sentait bien à l'époque, on faisait n'importe quoi. Si je devais aller dans le midi et que j'avais 40 potes à inviter et bien je les invitais ! J'avais une carte de société pour offrir, on se comprend non ? Il vaut mieux faire des frais et moins de salaires ! On paie moins d'impôts !

 

Début 2000, le vent tourne pour le 115 ! À la suite d'un conflit interne, Sylvain puis vous-même êtes écartés de l'affaire au profit de nouveaux associés...

Sylvain était parti un an avant moi, il voulait changer d'air... Moi je ne me suis pas fâché, Caro m'a juste dit : « Maintenant il faut chercher une solution, j'ai de nouveaux associés, ils ne veulent pas de toi ». Ce n'est pas grave.

 

Pourquoi vous remercier si vous faisiez bien votre travail ?

Parce qu'après le 115, d'autres établissements se sont montés et ont marché. Avec Jean-Claude nous avions pris l'Argenson et on s'est fait berner. Tous les gens ont dit dans la ville : « L'autre, il se la pétait et il a perdu l'Argenson ! ». Donc has been ! Les gens à Lyon ne sont pas tendres, ils ne sont pas sympas surtout avec des mecs qui réussissent et qui font plaisir aux autres. Tous les gens m'ont dit : « Avec le 115, tu as dû trop offrir ! » et je leur réponds : « Mais tu étais bien content que je t'offre à boire ».

 

En résumé, l'affaire commence à péricliter et Jean-Claude Caro est obligé de trouver de nouveaux associés pour renflouer l'affaire ?

Ouais, je pense. Enfin quand je suis partie, l'affaire faisait quand même 22 millions...


La chute est très dure. A tous les niveaux : financièrement et socialement... Du jour au lendemain, vous n'êtes plus rien...

Si tu veux oui. Financièrement, j'avais le chômage, je vivais bien. C'est là que tu te rends compte que c'est que du superficiel la nuit, t'as plus d'amis.

 

Vous êtes passé de 150 coups de fil par jour, à 10... Comment l'avez-vous vécu ?
À ton avis ? Tu le vis super bien ? Non, tu le vis mal. C'est tout. Tu restes chez toi, tu n'as pas envie de sortir, quand tu sors, les gens sont mauvais, mais j'ai envie de leur dire : « Faites-le, montez un 115 à 28 ans qui fait 25 millions de CA, et après on parle. Ayez les couilles d'aller à Villeurbanne, de faire un truc comme ça avec 220 000 francs et faire 25 millions de CA ! Certaines personnes m'ont dit : « Mais c'est inadmissible ! » Je leur répondais : « Mais tu es qui toi pour me parler ? Montre-moi que tu es bon et après on parle tous les 2, moi les couilles je les ai là et c'est moi qui doit encore 3 millions aux banques !». Les Lyonnais ne prennent pas de risques dans la vie et c'est facile de dauber. Ceux qui en prennent ne daubent jamais comme Pierre-Guy Cellerier qui n'a jamais daubé sur moi, comme Stéphane Martin. Ils diront : « Ce mec, au moins chez lui on a rigolé. On a passé des moments d'anthologie, les plus belles soirées se sont passées au 115 ».
 

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