L'arrivée d'Alain Prost parmi les compétiteurs a en effet changé la donne. Est-ce là que vos ennuis ont commencé ?

Ça s'est vraiment aggravé il y a 4 ans avec l'arrivée de Prost où Mamers a commencé réellement à se pencher sur mon cas.

Malgré sa présence en course, vous continuez de gagner insolemment. Vous n'avez aucun respect pour les retraités, Yvan Muller !

Insolemment non, je faisais tout simplement mon job ! J'ai été engagé par une marque pour aller au Trophée Andros. Je ne fais pas ça pour mon plaisir, c'est mon métier et je dois le faire le mieux possible. Et il se trouve que je gagnais, j'ai juste rempli mon contrat. Les constructeurs qui m'ont engagé pour que je gagne.

Votre éviction a-t-elle été dealée avec Mamers ?

Non, je ne veux pas être trop parano non plus. Je le pense. Politiquement parlant, Prost sait bien faire ce genre de choses, il l'a prouvé dans le passé.

Le champion de F1 n'est donc pas blanc comme neige dans cette affaire ?

Quand j'avais 11 ans j'avais sa photo chez moi, il roulait chez Renault à l'époque, on a fait cette photo à Monza. Et depuis que je le connais, la photo est retournée dans le tube. Il y a des gens comme ça parfois, il est préférable de ne pas rencontrer parce que ça casse le mythe.

La saveur de votre dernier titre est particulière car tout le monde, et même le règlement, s'était ligué contre vous. De quelle manière ? Donnez-nous des exemples pour que les gens puissent percevoir l'injustice dont vous avez été victime.

L'année dernière, le règlement dit qu'il y a un poids minimum pour chaque voiture, pour tout concurrent. Le règlement est le même pour tout concurrent, il y a un poids minimum. Pour moi c'était un certain poids + 40 kilos! On peut imaginer que ce n'est pas grand-chose, et il faut savoir que 10 kilos sur un circuit de glace, c'est 1/10^ème autour donc 4/10^ème. Et quand les chronos sont aussi serrés qu'ils peuvent l'être, plus le fait que c'est 40 kilos que l'on rajoute sur les pneus, en fin de course, ça souffre. Et quand je gagnais on me rajoutait 60 kilos! Donc j'en mettais 100 après !

Vous partiez avec un handicap de 100 kilos par rapport aux autres ?

Non je partais avec un handicap de 40 et si je gagnais encore j'en avais 100. Mais ça, c'était le même pour tout le monde, le handicap de résultat était normal. Mais moi, j'avais plus que les autres, sachant que le poids de la voiture au départ est de 960 kilos.

On raconte que Max Mamers vous aurait proposé 150 000 euros pour abandonner le Trophée Andros...

S'il m'avait proposé 150 000 euros, je les aurais pris! (rires). Non, il m'a proposé un peu de sous mais pas autant.

Comment les pilotes, sponsors et écuries ont-elles réagi en voyant l'injustice dont vous étiez victime ?

Les concurrents étaient plutôt d'accord avec moi, mais en même temps ça les arrangeait. Pour certains en tout cas. J'ai surtout été surpris par la presse... Je m'imagine toujours que lorsqu'il y a un truc de scandaleux, la presse tape dessus. Et moi j'estimais que c'était scandaleux, peut-être parce que je suis partie prenante. Ça a été relaté mais sans plus... j'avoue qu'à force d'en prendre tellement sur la tête, depuis quelques hivers, en particulier l'hiver dernier, je ne suis plus très lucide donc je ne me rendais pas compte de tout.

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