Mardi 14 décembre 2004
Détenu : Christian Boiron
Commissaires politiques : Marco (Lyonpeople)
Photos : Jean-Luc Mège
Christian Boiron, bonsoir. Vous êtes
encore pour quelque temps à la tête du numéro 1 mondial de l'homéopathie.
Basé à Sainte-Foy-Lès-lyon en Rhône-Alpes, votre groupe emploie plus de
2400 salariés. Un business juteux mais menacé depuis peu pour cause de
déficit record de la sécu. Vous d'ordinaire si discret vous répandez dans
les médias de tous poils... Pour notre plus grand plaisir, vous avez répondu
à notre convocation pour un interrogatoire à KGB exceptionnel puisque nous
avons délocalisé votre cellule dans les locaux de Sainte Foy Les Lyon. On
va vous demandez de décliner votre identité...
Avant même de décliner ça, j'ai envie de revenir sur certains détails de
votre présentation. Le premier détail sur lequel j'ai envie de revenir
c'est quand vous dites « vous êtes encore pour quelque temps ». Je suis à
la tête de l'entreprise, point. Donc encore pour quelques temps, Inch
Allah. C'est-à-dire que bien entendu je suis mortel, donc je suis à la
tête du numéro un mondial de l'homéopathie et c'est pas parce que mon
petit frère (je dis « petit » parce qu'il a 14 ans de moins que moi) vient
me rejoindre et que j'étoffe la direction générale du groupe que ça change
quoi que ce soit. Je n'envisage pas d'abandonner la présidence de ce
groupe. Première chose. Deuxième chose, ce n'est pas un « business
juteux ». Le business est peut-être mille fois moins juteux que celui de
l'industrie pharmaceutique puisque nous représentons le centième du
chiffre d'affaire de Sanofi-Aventis, le millième de son potentiel de
recherche développement et à peu près le dix millième de sa marge. Quand
on parle de business juteux, ça donne l'impression qu'effectivement
l'entreprise est hyper-prospère...
Ce n'est pas le cas aujourd'hui ?
L'entreprise est prospère parce qu'on se fait le hara-kiri total sur la
recherche et la promotion médicale. Depuis trente ans, je tire une langue
de trois mètres de long parce que je ne sais pas où trouver l'argent pour
faire de la recherche ou pour visiter les médecins afin de leur expliquer
ce qu'est l'homéopathie. Nos prix sont bloqués depuis quinze ans, la
plupart des laboratoires pharmaceutiques meurent les uns après les autres
faute de rentabilité. Quand on parle de « business juteux » on est dans le
stéréotype qui n'a malheureusement rien à voir avec la réalité.
On va verser une petite larme...
On est dans un business terrible et c'est parce que ce business est
terrible qu'il n'y a pas un seul gros labo de l'industrie pharmaceutique
qui est venu dans ce business. Les grands groupes ne viennent pas parce
que c'est impossible de travailler dans ce job. On devrait être morts
depuis longtemps. Voilà la réalité. C'est la raison pour laquelle je
refuse votre intro.
C'est clair et ce sera retranscrit comme tel ! On ne va pas vous couper
au montage, on n'est pas chez Ardisson. (rires)
D'accord, je vous fais totalement confiance.
Il va quand même falloir que je reprenne le pouvoir ! Votre nom et vos
prénoms s'il vous plaît.
Boiron, Christian.
Avez-vous
plusieurs prénoms ?
Patrick, Henri.
Votre âge et lieu
de naissance ?
57 ans encore pour
quelques temps, né à Lyon 6e.
Votre taille et
votre poids ?
Ma taille : 1,83m et mon poids doit être
autour de 80-82.
Signe zodiacal et votre ascendant si vous les connaissez ?
Gémeaux ascendant Taureau.
Avez-vous avez
des signes particuliers sur votre carte d'identité ?
Néant.
Votre situation
matrimoniale et le nombre d'enfants ?
Je suis marié et
j'ai cinq enfants au total.
Profession des parents ?
Ils étaient
pharmaciens. Enfin ils ont été tous les deux diplômés de pharmacie. Ils
sont morts tous les deux. Maman n'a pas beaucoup exercé la profession elle
s'est occupée de ses enfants, même si elle a aussi exercé dans la
pharmacie d'officine pendant quelques années avant de la transmettre à ma
sur.
Suite de l'interview
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