Votre épouse Marie-France a disparu il y a maintenant deux ans. Elle et
vous êtes très fiers de vos filles. Que font-elles dans la vie ?
Cécile est devenue mon associée. Elle
habite Paris. Elle travaille pour l'étude de Lyon, mais en même temps elle
a ouvert ses bureaux et profite de sa situation pour travailler sur la
région parisienne. Ma deuxième fille a choisi une autre voie ; elle a fait
une école catholique de traductrice polyglotte et cela lui permet de
travailler par missions soit dans des associations, soit chez des
partenaires qui peuvent être des industriels qui ont besoin de quelqu'un
pendant 15 jours, 3 mois, 4 mois, etc.
Votre étude a été pendant très longtemps numéro 1 sur Lyon et sur la
Province. Quelle est sa place aujourd'hui dans le paysage lyonnais ?
A la suite du décès de mon associée et épouse, je n'ai pas pu assurer la
totalité de l'activité et j'ai été obligé de supprimer des secteurs qui
faisaient un énorme chiffre mais qui à la sortie ne représentaient pas une
rentabilité suffisante. Il s'agit des ventes de voitures. J'ai préféré à
un moment arrêter cette partie-là et d'un seul coup mon chiffre a chuté,
mais il ne faut pas confondre chiffre d'affaires et rentabilité.
On vous dit énervé de voir Maître Anaf et associé passer devant vous !
Je m'inscris en faux ! (Rires) Je
m'inscris en faux parce qu'un jour j'ai dit en boutade à un de mes amis :
« oh moi de toute façon j'ai envie de devenir la plus petite étude ... et
avoir la paix. » Bon, c'était une boutade.
Est-ce toujours votre état d'esprit aujourd'hui ?
Non, je vous avouerai que j'ai été sonné
par la disparition de mon épouse, ça ne fait que deux ans, et je ne
commence qu'à récupérer, à tel point que bon, j'ai pris des dispositions.
Je viens de louer 5 000 m² à Meyzieu pour procéder à des ventes très
particulières, nouvelles sur la place, chose que je n'aurais jamais fait
il y a un an. Je suis en train de reprendre le dessus.
Longtemps vous avez eu le monopole des ventes de voitures financées par
la Diac (Renault) et vous avez fait fortune avec les ventes judiciaires.
Ne regrettez-vous pas d'avoir négligé le marché de l'art, autrement plus
valorisant ?
Alors, je ne dirais pas que j'ai fait fortune, je dirais que j'ai bien
vécu.
On en reparlera après... mais nos informateurs disent que vous avez fait
fortune !
On vit bien, ... on vit bien ! (Rires)
J'ai un peu négligé l'art ? Alors, il faut bien savoir une chose, avec mon
épouse nous avions partagé le travail en deux : mon épouse s'occupait de
tout ce qui était interne à l'étude : les relations avec les notaires, les
relations avec les importateurs, elle avait ses choix de prédilection,
l'archéologie, les meubles, etc. Moi, je m'étais réservé les tableaux,
parce que parallèlement à mes études j'ai suivi les cours des Beaux-arts,
allez on va dire que je barbouille un peu ! C'est pas beau mais je me fais
plaisir et je me détends comme ça. Donc j'ai fait surtout du judiciaire,
qui était très important, c'était malheureusement des ventes forcées, des
dépôts de bilan, ce genre d'activité, qui me prenait énormément de temps,
puis les ventes de voitures, le mercredi toute la journée, le samedi
matin. Je n'avais pas négligé l'art, mais j'avais laissé mon épouse
s'occuper de l'art. On avait bien réparti le travail.
Suite de l'interview
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