David Guetta : « Créer un 2e Pink
Paradise à Lyon ? Pourquoi pas ! »
De notre envoyé spécial Philippe Réjany
On ne parle que d'eux en ce moment :
locomotive du nightclubbing branché parisien, l'emblématique couple Guetta fait
scintiller les nuits de la capitale...Et pourquoi pas bientôt celles de la
capitale des Gaules ? David Guetta à Lyon ? La rumeur s'est propagée telle une
traînée de poudre dans le milieu microcosmique du noctambulisme lyonnais (voir
chronique). Il n'en fallait pas plus
pour allumer la mèche, et secouer la « poudrière des clubbers » et autres
oiseaux de nuit.
Alors, info ou intox ? David Guetta himself
nous répond... Et comme l'un ne va pas sans l'autre, pendant que David fait
tourner ses vinyles, sa femme Cathy fait tourner la boutique !
Après avoir quitté la direction artistique des
Bains, le couple se concentre aujourd'hui sur ses 2 affaires, situées dans le
quartier chic des Champs-Élysées : le très hype restaurant marocain « Tanjia »
et le fameux « Pink Platinum », rebaptisé « Pink Paradise ». Une boîte de
strip-tease et de « table-dance » directement importée d'Outre-Atlantique. Et
comme on ne change pas une recette gagnante (ou plutôt payante), la poule aux
ufs d'or pourrait bien aller pondre entre Rhône et Saône un de ces jours... A bon
entendeur...
LP : Bonjour David. D'abord comment ça va ?
DG : Tout va très bien : l'album marche bien
(« Just a little more love », NDLR), le disque aussi...Bref, les affaires vont
bien. Je suis un homme heureux !
A Lyon, on parle avec insistance de ta venue prochaine à la tête d'un
établissement de nuit...Qu'en est-il vraiment ?
DG : (Rires) Il n'y a même pas le début d'un
commencement d'un projet...C'est dire ! Je ne vois vraiment pas d'où vient cette
rumeur...
Mais tu es déjà venu mixer plusieurs fois ici (notamment au Fish). Tu n'as
jamais eu des touches ?
DG : Jamais...Je n'ai jamais parlé d'un éventuel
projet avec qui que ce soit...Je t'assure que je n'ai vraiment aucune idée
derrière la tête concernant Lyon ! D'ailleurs, je ne connais pas du tout le
marché du clubbing ici. Et puis, aujourd'hui, je me recentre de plus en plus sur
la musique, donc ce n'est pas du tout d'actualité.
Cathy, un concept comme le Pink Paradise
est-il exportable en province ?
CG : Tout est exportable, à partir du moment
où on fait les choses avec qualité et élégance. La clé de tout, c'est de trouver
les bonnes danseuses qui ne tomberont pas dans le grossier ou le « cheap ».
Nous, ça nous a pris 4 ans pour y arriver , sans parler de la législation...On
fonctionne aujourd'hui avec un roulement de 35 ou 40 filles toutes les 3
semaines. Il ne suffit pas d'ouvrir un club et mettre 3 strip-teaseuse qui se
courent après !
Justement, quel est la recette pour ne pas
tomber dans le vulgaire ?
CG : Déjà, on a choisi de ne pas travailler
avec les Françaises, pour une bonne et simple raison : le strip-tease n'est pas
encore entré dans les mentalités ici. On le conçoit encore plus comme un dérivé
de la prostitution qu'une activité honnête. Aux Etats-Unis et au Canada, où le
« table-dance » existe depuis 20 ans, les filles sont de vrais pros !
Même question qu'à David : y a-t-il un
potentiel à Lyon ?
CG : Ce qui est sûr, c'est qu'il y a plus de
potentiel ici que dans un petit village ! Quand on a lancé le Pink, c'était
aussi dans l'intention de le développer et que celui de Paris voit grandir des
petits frères...
Aujourd'hui ce serait plus facile d'ouvrir un
Pink à Lyon, parce qu'on a déjà tous les contacts et on connaît les démarches à
suivre.
ça veut dire que vous seriez d'accord pour
créer une franchise à Lyon ?
CG : Pourquoi pas ? Encore une fois, on a
vraiment envie d'en faire une chaîne. Si on me le propose, j'écouterais le
projet, je viendrais voir sur place pour faire une étude de l'endroit, du volume
de la salle...
Quel est le profil de la clientèle du Pink
? Ca va du voyeur à l'étudiant ?
CG : Non, nous avons 2 principaux types de
clientèle : les hommes d'affaires et la clientèle branchée qui nous suit depuis
un moment, et qui trouve le concept très tendance, à la fois sexy et
haut-de-gamme. On a d'ailleurs investi beaucoup d'argent dans la déco...C'est très
important pour que les femmes et les couples se sentent bien...
Mais la grande majorité vient plutôt incognito qu'en couple...
CG : C'est encore une question de mentalité et
de gêne, alors qu'il n'y vraiment rien à se reprocher quand on va au Pink...
ça ne dérape jamais avec certain clients un peu trop « chauds » ?
CG : Jamais. Au contraire, en début de nuit,
c'est même assez froid. Les filles semblent tellement sûr d'elles que ça
déstabilise les clients. C'est vraiment au cours de la soirée, l'alcool aidant,
que les choses se décoincent...
Et en fin de soirée, vous devez sortir la lance à incendie pour en refroidir
certains ?
CG : Non, ça reste un jeu ! Jeu de séduction,
fantasmes, ou même aphrodisiaque pour les couples...Chacun vient y chercher ce
qu'il souhaite.
Que répondez-vous à ceux qui prétendent que c'est basé sur la frustration ?
CG : Quand vous avez des bombes atomiques qui
dansent à 20 cm de vous, il est sûr que vous n'avez qu'une envie : repartir
avec !
Il y a donc un côté maso...
CG : Mais çà fait parti des innombrables
plaisirs de la vie !
Un plaisir qui reste quand même interdit, avec une barrière à ne pas franchir...
CG : Et au Crazy Horse ? C'est exactement
pareil ! Sauf que chez nous, on ouvre un peu plus la barrière...C'est un vrai
spectacle de proximité. Maintenant, les clients connaissent très bien les règles
du jeu : il savent qu'après une danse de 3 minutes, tout sévanouit très vite !
On est vraiment pas là pour faire du mal aux gens...
Parlons de ton album David, qui cartonne aussi bien en radio que dans les clubs,
c'est une vraie surprise ?
DG : Complètement. J'ai vraiment fait cet
album pour m'éclater...Je ne m'attendais pas à ce succès « grand public », c'est
incroyable, d'autant plus qu'au départ on a fait une musique pointue très
orientée clubbing.
C'était un pari risqué ?
DG : Non, car je l'ai fait comme un hobby...
Comme toi quand tu vas jouer au foot. Du coup, je ne me suis mis aucune pression
commerciale sur les épaules.
Aujourd'hui, tu te sens plus patron de nuit ou DJ ?
DG : Ca dépend qui me pose la question
(rires)...J'aime bien l'idée d'avoir les deux casquettes.
Laquelle est la plus facile à porter ?
DG : Peut-être celle du DJ, car je le vis
comme une vraie passion et pas comme un travail. J'ai même encore du mal à me
dire que je vais gagner de l'argent comme ça : j'ai l'impression que c'est moi
qui devrait payer !
Avec la notoriété, aujourd'hui tout est plus facile...
DG : C'est vrai...Mais il faut garder à l'esprit
que ce n'est pas la notoriété qui nous aide à avoir du succès, mais l'inverse :
c'est le succès de nos établissements qui nourrit cette notoriété.
Que ce soit toi ou Cathy, on vous voit beaucoup...Trop peut-être ?
DG : On essaye un minimum de choisir nos
apparitions publics. Maintenant, on reste assez naturel...On ne fait pas de plans
marketing. On ne fait pas appel à des agences de com', on fait vraiment ce qu'on
a envie.
Demain tu te vois plus collé aux platines que scotché derrière un bureau ?
DG : Non, je veux
vraiment conserver cette dualité. Je veux pouvoir continuer à vivre de ma
passion sans la pression de l'échec commercial. Le fait de garder un pied dans
les affaires m'enlève cette épée de Damoclès. J'ai pas vraiment envie de
choisir...
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