Photos © Marco
Par Anne-Sophie Secondi
Scène émouvante à
Eurexpo jeudi après-midi. Au beau milieu de 15 000 personnes, la famille
UMP recomposée et quasi au complet ! Michèle Alliot-Marie,
Bernadette Chirac, Dominique Perben venus acclamer le candidat
à l'élection présidentielle Nicolas Sarkozy, en meeting.
Que l'on adhère ou non, une chose est certaine : depuis deux
jours à Lyon, que ce soit sous la forme de « Sarko » ou de « Nicolas »,
sur toutes les lèvres, ce nom anime l'ensemble de la ville. Il déplace un
monde incroyable ! Pourtant il faut s'en donner la peine : contrôles de
CRS du cours Emile Zola à Eurexpo, périph bouchonné... « Un
meeting à 18h30, c'est bon pour ceux qui sont aux 35h mais les autres ? »
s'étonne un retraité en vidant ses poches... A l'entrée, on pourrait se
croire à St Exupéry au moment d'embarquer : tout le monde dépose clefs et
téléphone dans des sacs plastiques... une organisation qui rappelle le
meeting de « Super menteur » en 2002 ! Pénétration dans l'antre... deux
halls dans lesquels 10 000 chaises ont été disposées, avec en point
d'orgue une immense estrade surmontée d'un calicot géant « Tout de vient
possible ». Avec de l'argent, certainement : des caméras, des écrans
géants, une sonorisation sans faille... la facture est à la hauteur de
l'évènement (170 000 euros selon nos confrères de Tribune de Lyon).
Un carré VIP de 300 places est disposé devant l'estrade à
côté des tables réservées aux journalistes. Il nous faudra contourner
trois barrages pour y accéder. Au premier rang, les ministres et
apparatchiks UMP Alain Mérieux, Michel Barnier, Bernard
Accoyer, Hervé Gaymard, Pascal Clément et
quelques people comme Bernard Lacombe (que Nicolas embrasse comme
du bon pain), le tennisman Fabrice Santoro et le champion de
ski acrobatique Edgar Grospiron. On reconnaît également Michel
Thiollière, Henry Chabert, Marie-José Roig, les
députés Emmanuel Hamelin, Bernard Perrut, Dominique Dord,
Robert Lamy, Christian Philip, Philippe Cochet,
Richard Cazenave, Jean-Michel Dubernard, Michel Terrot,
le sénateur Elizabeth Lamure... Magnanime, l'organisation n'a
semble-t-il pas voulu séparer les anciens compagnons de cellule :
Michel Noir et Alain Carignon sont quasiment côte à côte. Peu
de personnalités de la société civile à l'exception de François Turcas,
« passionné » président de la CGPME, Alain Audouard, « mesuré »
président de la Chambre des Métiers et Serge Manoukian, « discret »
vice-président de l'OL. Pour encadrer ce parterre de sexagénaires, une
centaine de visages juvéniles aux ordres du mentor des jeunes UMP du
Rhône, Franck Colcombet.
Sarko fait son entrée. Stupéfiant de voir une foule pareille
en quasi délire devant son « idole » (on se croirait à un concert de
Johnny Hallyday...) Drapeaux français, blason aux initiales du candidat
et banderoles flottent dans la salle. Ce soir, à Eurexpo, ils se disent « fiers
d'être Français ».
Mais au delà d'un rassemblement de plus de 15 000 personnes, ce meeting
porte en lui un symbole résolument fort pour la droite UMP.
Stratégiquement, l'équipe de communication de l'ancien ministre de
l'Intérieur a joué la « carte de l'union ». La présence de Bernadette
Chirac est un message envoyé fort et clair : la famille UMP est
réunie. Peu importe que l'épouse du chef de l'Etat ait fait le strict
minimum (et se soit passablement ennuyée pendant le discours du petit
Nicolas), les journaux télévisés ouvriront avec elle. En guise de
chauffeurs de salle Michèle Alliot-Marie et Dominique Perben
(plein de « Merci Nicolas » à la bouche...) Au fait, quel siège vous a-t-il
réservé dans son prochain gouvernement, Monsieur Perben ? Leur « très
cher » Nicolas, étayant step by step un programme axé sur le tryptique
bien connu des anciens : « travail, famille, patrie ». Et à chaque « Vive
la France », Eurexpo s'enflamme et ovationne.
Il aime, déteste, à coups de petites phrases, approuve ou
pas. Aucune nuance dans le discours. Cela tombe bien, sympathisants,
partisans, jeunes ou non, n'en veulent pas ! A côté de moi, un confrère
décrypte sa diatribe anti-repentance : « Il
est plus virulent que Le Pen, il va très loin... » et tac, applaudissements ! Je
l'écoute, je l'écoute, survolant ses douze pages de convictions, et tout
d'un coup me revient l'image de jeunes opposants brandissant une
pancarte : « Tout sauf le petit Napo ». Je ne peux alors m'empêcher de
sourire. Napoléon aurait-il eu peur d'aller à la Croix Rousse, lui (voir
chronique) ? Et voilà qu'au même
moment, chemise trempée, il dégaine sur les « golden parachutes » et la
prise de risque... Enfin, si la majorité lui échappe, bien content il
prendra le sien.
Tout comme dans les meetings royalistes et lepénistes, le mot
de la fin enchaîne sur « La Marseillaise ». Les élus locaux courent sur la
scène pour être au plus prêt de l'idole du jour (à noter le joli sprint de
Carignon). Mini bain de foule soigneusement millimétré. Des poignées de
main, des poignées de main, à la va vite... conformément à l'enseignement du
maître trahi en 1995, qu'il se targue d'avoir dépassé. Dix minutes douche
comprise. Il saute dans son avion privé dans la foulée. Les vieux UMP se
retrouvent en backstage. Les jeunes pop (pas vraiment popu) prennent la
pose sur l'estrade avant la direction de La Voile. Et hop, entre deux
vodkas pomme, 70 adhésions dans la nuit ! C'est aussi ça l'effet Nicolas !
* Ce chiffre ne prend
pas en compte les adhésions internet et celles en direct du meeting. Il ne
s'agit que de celles réalisées à La Voile par les Jeunes UMP du Rhône. A
lire également le blog du sarkozyste Erick Roux de Bézieux qui a réalisé
un reportage en backstage (www.rouxdebezieux.org)
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